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Tandis que la Belgique a sa crise politique, la Hollande sort peu, selon son habitude, du calme de ses discussions régulières et de sa vie parlementaire. Les états-généraux continuent leur session laborieuse et tout occupée d’intérêts pratiques. Il y a eu cependant, dans la récente discussion de l’adresse de la seconde chambre, un incident qui a mis un moment les passions des partis aux prises. On se souvient peut-être que le ministre de la guerre, le général Forstner van Dambenoy, bien qu’il soit entré dans le cabinet actuel, ne passe pas pour un homme d’antécédens fort libéraux. Il était membre notamment d’une réunion électorale, — Néerlande et Orange, — formée sous les auspices des chefs du parti conservateur ou anti-libéral. Comment le nouveau ministre avait-il pu trouver place dans un cabinet constamment combattu par ce même parti ? Est-ce le ministre qui avait abdiqué ses anciennes opinions ? est-ce le cabinet qui avait renié les siennes ? Tel est le sens d’une interpellation fort vive adressée aux ministres, à celui de la guerre en particulier. Sans qu’il soit question d’abdication de principes, soit de la part du cabinet, soit de la part d’un de ses membres, il n’est point douteux que, si le général Dambenoy entrait au ministère, c’est qu’il approuvait le système du gouvernement et qu’il était décidé à la loyale exécution de la loi fondamentale, comme il l’a dit, ne trouvant en cela rien de contraire à la devise de Néerlande et Orange. Toujours est-il que la discussion s’animant, et la loyauté ou la consistance du général Dambenoy paraissant presque mise en suspicion, le ministre de la guerre a fini par prendre la chose en soldat, et il en est résulté une certaine émotion dont a profité le président pour faire voter à une quasi unanimité que la chambre se déclarait satisfaite. En réalité, il n’y a là de bien sérieuse victoire pour aucun des deux partis en lutte. Un incident plus important dans ces débats parlementaires de la Hollande, c’est l’intervention de M. Rochussen au sujet des questions récemment élevées avec la France. Négociateur du traité de 1840, homme distingué d’ailleurs, nul n’avait plus de titres que M. Rochussen pour entrer avec autorité dans la discussion de cette question des relations commerciales des deux états. Son discours est empreint d’un remarquable esprit de conciliation qui s’applique à calmer les susceptibilités auxquelles les états-généraux ont obéi un peu précipitamment en refusant de sanctionner le traité sur la propriété littéraire négocié avec la France. Son opinion très nette est pour la reprise des négociations à ce sujet, et le gouvernement lui-même n’en est pas assez éloigné pour qu’on ne puisse aujourd’hui considérer cette difficulté comme aplanie, dès que des négociateurs reprendront en main cette question. Quelle est la cause du retard ? Peut-être est-ce simplement la difficulté de remplacer au ministère des affaires étrangères M. van Sonsbeeck. Nous citions récemment quelques-uns des personnages désignés pour ce poste. On a parlé de M. van Zuylen van Nyevelt, l’un des membres les plus distingués du parti libéral, de M. Boreel, l’ancien président de la seconde chambre, de M. Rochussen. Le premier paraît avoir refusé à l’issue des interpellations adressées au général Dambenoy. Il ne voulait pas prendre place dans un cabinet qu’il jugeait peu homogène. Le remplacement définitif de M. van Sonsbeeck ne peut cependant tarder maintenant. Enfin une dernière discussion, qui n’était point sans intérêt, a eu lieu dans les états-généraux de La Haye au sujet de la médiation déférée à la Hollande entre les États-Unis et le Japon. À mesure qu’on va, cette ex-