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Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 16.djvu/739

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révolutionnaire se dégagea de l’élément national et voulut se faire sa part, le gentil homme put regretter les imprudences du patriote : M. de Stein désavoua toute participation au Tugendbund. M. Pertz a tort de s’attacher à ce désaveu; les documens qu’il cite lui-même en si grand nombre sont la réfutation péremptoire de sa thèse. Inscrit ou non sur les listes de la franc-maçonnerie tudesque, M. de Stein en était l’ame. Napoléon fut bientôt informé de ces audacieux projets. Le 21 septembre, au moment où M. de Stein allait se rendre à Erfurt auprès de l’empereur de Russie, espérant que par son entremise il obtiendrait des autorités françaises un délai pour le paiement des contributions de guerre, le Moniteur an 8 septembre arriva à Kœnigsberg. Ce fut un coup de foudre. On lisait en tête du numéro à l’article Prusse :


« Un assesseur prussien, nommé Koppe, était désigné comme un agent d’intrigues. Le maréchal Soult ayant été dans le cas de le faire arrêter et conduire à Spandau, on a saisi ses papiers, où on a trouvé l’original de la lettre qu’on va lire. Nous croyons devoir la publier comme un monument des causes de la prospérité et de la chute des empires; elle révèle la manière de penser du ministère prussien, et elle fait connaître particulièrement M. de Stein, qui a pendant long-temps exercé le ministère, et qui est aujourd’hui presque exclusivement chargé de la direction des affaires. On plaindra le roi de Prusse d’avoir des ministres aussi malhabiles que pervers. »


A la suite de ces terribles paroles, le Moniteur publiait, avec la traduction en regard, le texte allemand d’une lettre signée de M. de Stein. Elle était datée du 15 août et écrite de Kœnigsberg à M. le prince de Sayn-Wittgenstein, à Doberan. C’est un de ces appels patriotiques comme le fougueux ministre en adressait alors de mille côtés. Entretenons le feu, déchaînons la colère des peuples, voilà le résumé de tous ses discours. Un passage, que j’emprunte à la traduction du Moniteur, exprime une sorte de regret de voir l’insurrection allemande devancée par l’Espagne : « L’exaspération, écrivait le ministre de Frédéric-Guillaume, augmente tous les jours en Allemagne; il faut la nourrir et chercher à travailler les hommes. Je voudrais bien qu’on pût entretenir des liaisons dans la Hesse et dans la Westphalie, qu’on se préparât à de certains événemens, qu’on cherchât à maintenir des rapports avec des hommes d’énergie et bien intentionnés, et que l’on pût mettre ces gens-là en contact avec d’autres. Dans le cas où votre altesse pourrait me donner des renseignemens à cet égard, je la prie de vouloir bien me renvoyer M. Koppe ou un autre homme de confiance. Les affaires de l’Espagne font une impression très vive; elles prouvent ce que depuis long-temps on aurait dû entrevoir. Il serait très utile d’en répandre les nouvelles d’une manière prudente... »

On comprend l’impression produite en Allemagne par les paroles du Moniteur. Les troupes françaises occupaient encore la Prusse; un frère