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porte à croire que d’autres poèmes du même cycle étaient consacrés à la peinture d’Attila amoureux. Pour suivre le fil de notre histoire, nous dirons qu’Hildegonde et Walter passèrent en route quatorze jours, suivant la nuit les chemins battus, évitant le jour les villages et les champs en culture. Ils dormaient dans des cavernes ou sous des bois épais, côte à côte, mais comme frère et sœur, nous dit le poète. Souvent, quand Walter dormait, Hildegonde faisait le guet. Rencontraient-ils un ruisseau, Walter y jetait sa ligne; traversaient-ils un bois, il tendait ses gluaux, ou il abattait les oiseaux à coups de flèches. C’est ainsi qu’ils vécurent tout le long du voyage, car leurs faibles provisions avaient été bientôt épuisées; mais, ajoute le poète, ils allaient revoir leur doux pays, et cette pensée leur donnait des forces.

Des récits traditionnels différant du poème affirment positivement qu’ils furent atteints par les hommes d’Attila, que Walter mit tous les douze hors de combat. Le poème les fait arriver sans encombre jusqu’aux bords du Rhin, où ils tombent sous la main de brigands plus redoutables cent fois que les Huns, sous la main de Gunther et des guerriers franks. Un poisson du Danube donné par Walter à un batelier du Rhin pour prix de son passage, et que celui-ci court vendre à Worms dans le palais du roi, met Gunther sur la piste. Il accourt avec ses braves pour enlever au fugitif ses coffrets et sa femme; mais Walter, après avoir déposé son double trésor dans une caverne dont il défend l’entrée, les tue ou les met en fuite. Hagen lui-même ne rougit pas de se mêler à ce combat inégal contre un frère d’armes et un compagnon de captivité. Cette lutte, dans laquelle l’Aquitain montre sa supériorité sur tous les guerriers franks, est longuement détaillée dans le poème; c’est même là, à vrai dire, la partie qui y est traitée avec le plus de complaisance, et j’en ai dit la raison probable. Le combat terminé ainsi à son honneur, Walter enfourche un cheval des Franks, replace Hildegonde sur son palefroi, et tous deux regagnent paisiblement l’Aquitaine, où ils se marient. Le moine de Fleury-sur-Loire finit ici son odyssée, tout en nous prévenant que son héros a traversé bien d’autres aventures qui ne sont pas de son sujet : force nous est donc de recourir aux autres poèmes et sagas sur Attila pour y suivre la trace d’Hildegonde.

Nous la trouvons d’abord avec son mari, devenu roi, dans une fête que donne Gunther au margrave Rudiger de Pechlarn, envoyé d’Attila. Franks et Visigoths se sont, à ce qu’il paraît, réconciliés, et Hildegonde brille au premier rang des beautés qui éblouissent Rudiger. Le galant margrave, qui se souvient de l’avoir vue près de la reine des Huns, demande à Walter la permission de l’embrasser, et, ajoute l’auteur du Poème de Bitérolf, qui nous donne ces détails, « il pose un baiser sur ces douces lèvres fraîches comme la rose. » Cependant la paix