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et à régulariser chez elle. La Hollande serait assurément un de ces pays. Les chambres de La Haye poursuivent leurs travaux sérieux et pratiques. Un nouveau projet sur le régime des pauvres vient d’être soumis à la seconde chambre par le ministre de l’intérieur. La charité individuelle ou particulière ne tombe pas sous le régime de la loi, qui est appelée seulement à régir les institutions destinées à secourir les pauvres d’une manière permanente au nom de l’état. La loi nouvelle ne s’applique à aucune des manifestations isolées ou collectives de la charité privée, non plus qu’aux institutions de secours d’une communion religieuse ayant pour but de venir en aide aux pauvres de cette communion. Ces institutions ont leur administration propre. Le projet actuel, qui s’applique aux maisons de charité dirigées par l’état, les provinces et les communes, tend moins au reste à instituer de nouvelles règles qu’à réunir en une seule loi des dispositions jusqu’ici éparses. Il ne crée rien véritablement ; mais il donne plus de force et d’unité à la surveillance publique, et il permet au gouvernement, d’après les communications qui devront lui être faites par les administrations de charité, de constater avec exactitude l’état du paupérisme dans le pays.

Ce n’est pas d’ailleurs sur ce seul point que le gouvernement fait un utile et fructueux appel à la statistique et à la publicité. Les documens sur les finances, sur le commerce, se succèdent et témoignent tous d’un progrès remarquable. D’après l’une de ces publications, les recettes de l’état en 1852 se sont élevées au-dessus de celles de 1851 et ont dépassé de 1,943,000 florins les prévisions budgétaires, résultat d’autant plus notable qu’il coïncide avec des dégrèvemens d’impôts qui ont eu lieu dans la même période. Le commerce, depuis trois années surtout, est dans la même voie d’agrandissement régulier. Tout vient ainsi attester un mouvement matériel qui ne peut nécessairement que s’accroître et recevoir une impulsion nouvelle des plans que médite en ce moment même l’esprit d’entreprise. Il s’agite, en effet, en Hollande, divers projets qui ont tous pour but d’étendre les relations du commerce. L’un, qui s’est produit à Rotterdam, a pour objet de multiplier et d’activer les communications par la vapeur avec l’Angleterre et la France, la Baltique, Copenhague et Saint-Pétersbourg, la Méditerranée et les Indes. À Amsterdam, une commission vient d’élaborer un projet pour rapprocher cette capitale de l’Océan par un canal à travers les dunes jusqu’à Wyck, où seraient exécutés de grands travaux hydrauliques, et où un port de mer serait établi. Bien que ce projet grandiose ne soit encore que sur le papier, on voit comment dans ce pays les idées prennent une direction d’utilité publique, et tendent à s’élever au niveau des progrès contemporains de toutes les nations commerciales et industrielles. Ne sont-ce pas là les signes de ce développement modéré et paisible qui semble si bien dans le caractère néerlandais ? D’un autre côté, le gouvernement vient de mener à bonne fin une négociation d’un assez sérieux intérêt : il vient de conclure un nouveau traité avec la Société de Commerce au sujet de la dette de dix millions de florins contractée par l’état envers cette société et de la vente de produits coloniaux. L’intérêt de la dette est diminué. Le bénéfice de la société sur la vente des produits dont elle a le monopole sera de 2 1/2 pour 100 au lieu de 2 3/4. En 1855, cet intérêt ne sera plus que de 2 pour 100. En outre, une grande quantité de produits coloniaux devra être vendue aux Indes même, ce qui