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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 1.djvu/270

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départemens les plus riches des autres régions, nous n’avons pas une égale étendue de terres bien cultivées à lui opposer. Certaines parties de notre sol, comme le département du Nord presque tout entier et quelques autres cantons détachés, sont supérieures comme production à ce qu’il y a de mieux en Angleterre; d’autres, comme les départemens de la Seine-Inférieure, de la Somme, du Pas-de-Calais, de l’Oise, peuvent soutenir la comparaison; mais 13 millions d’hectares comparables comme culture aux 13 millions d’hectares anglais, nous ne les possédons pas.

Serait-ce que le sol et le climat de l’Angleterre seraient naturellement supérieurs aux nôtres? Bien loin de là. 1 million d’hectares sur 13 sont restés tout à fait improductifs et ont résisté jusqu’ici à tous les efforts de l’homme; sur les 12 millions restans, les deux tiers au moins sont des terres ingrates et rebelles que l’industrie humaine a eu besoin de conquérir.

La pointe sud de l’île, qui forme le comté de Cornouailles et plus de la moitié du Devon, se compose de terrains granitiques analogues à ceux de notre Bretagne. Il y a là, dans les anciennes forêts d’Exmoor et de Dartmoor, dans les montagnes qui finissent au Land’s End et dans celles qui avoisinent la presqu’île galloise, près de 1 million d’hectares qui n’ont que bien peu de valeur. Dans le nord, d’autres montagnes, celles qui séparent l’Angleterre de l’Ecosse, couvrent de leurs ramifications les comtés de Northumberland, Cumberland, Westmoreland et une partie de ceux de Lancastre, Durham, York et Derby. Cette région, qui comprend plus de 2 millions d’hectares, ne vaut guère mieux que la première. C’est un pays pittoresque par excellence, parsemé de lacs et de cascades, mais qui n’offre, comme les pays pittoresques en général, que peu de ressources à la culture.

Presque partout où le sol n’est pas montueux, il est naturellement couvert de marécages. Les comtés de Lincoln et de Cambridge, qui comptent aujourd’hui, surtout le premier, parmi les plus productifs, n’étaient autrefois qu’un vaste marais couvert en grande partie par les eaux de la mer, comme les polders de Hollande qui leur font face de l’autre côté du détroit. De grandes tourbières appelées masses montrent encore çà et là l’état primitif du pays. Sur d’autres points sont de vastes étendues de sables délaissés par l’Océan; le comté de Norfolk, où a pris naissance le système agricole qui a fait la fortune de l’Angleterre, n’est pas autre chose.

Restent les collines onduleuses qui font la moitié environ de la surface totale, et qui ne sont ni aussi arides que les montagnes, ni aussi humides que les plaines sans écoulement; mais ces terres elles-mêmes n’ont pas toutes la même composition géologique. Le bassin de la Tamise est formé d’une argile tenace nommée argile de