plus vite, son travail était plus productif. On a fait plus : on a substitué les chevaux aux hommes eux-mêmes, toutes les fois que le travail de l’homme, le plus coûteux de tous, pouvait être remplacé par une machine mise en mouvement par un cheval. En même temps on a recherché les méthodes de culture qui permettaient de supprimer tout effort inutile ou peu productif, et on s’est attaché à remplacer tant qu’on a pu les bêtes de trait par tout autre moteur plus économique, comme l’eau, le vent et la vapeur. Malgré ces simplifications, la somme de travail agricole exécuté en Angleterre par des chevaux est beaucoup plus considérable qu’en France, et le nombre de ces animaux employés par l’agriculture n’est pas augmenté en proportion. C’est que leurs attelages, étant en général plus choisis et mieux entretenus que les nôtres, ont plus de vigueur et d’agilité.
Les chevaux qui servent aux travaux des brasseries, aux transports des charbons et autres marchandises lourdes et encombrantes sont célèbres par leur force et par leur masse. Les meilleurs atteignent des prix très-élevés. Il en est de même des chevaux de voiture : la race des chevaux bais de Cleveland, dans le comté d’York, est une des plus parfaites qui existent pour les attelages de luxe.
Quant au cheval de course et à son rival le cheval de chasse, tout le monde sait par quel ensemble d’efforts on est arrivé à produire et à maintenir ces espèces supérieures. Ce sont des créations de l’industrie humaine, de véritables œuvres d’art, obtenues à grands frais, et destinées à satisfaire une passion nationale. On peut dire sans exagération que toute la richesse britannique semble n’avoir d’autre but que l’entretien des haras d’où sortent ces créatures privilégiées. Un beau cheval résume pour tout le monde l’idéal de la vie élégante, c’est le premier rêve de la jeune fille comme le dernier plaisir de l’homme vieilli dans les travaux; ce qui tient à l’éducation des chevaux de selle, aux courses, aux chasses, à tous les exercices où se déploient les qualités de ces brillans favoris, est la grande affaire du pays entier. Le peuple s’y intéresse comme les grands seigneurs, et le jour où se court le Derby à Epson, tout vaque; il n’y a plus de parlement, plus d’affaires, toute l’Angleterre aies yeux fixés sur ce turf, où courent quelques jeunes étalons, et où des millions de paris se gagnent ou se perdent en quelques minutes.
Nous sommes encore bien loin de cet engouement national, et certes ce n’est pas que nos races nationales soient sans valeur : elles ont au contraire des mérites naturels que l’art seul a pu donner aux chevaux anglais, la production n’est jamais, à vrai dire, restée au-dessous de la consommation; mais ce qui nous manque en général et ce qui importe le plus au perfectionnement de nos races, c’est que nous apprenions à payer les bons chevaux ce qu’ils valent : tout est