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pas à quatre millions en 1820. On les a vues monter sans cesse depuis cette époque, surtout après l’établissement des nouvelles voies de communication. Le bassin houiller de la Loire, qui n’a que 22,000 hectares de superficie, est devenu le plus productif de tous les bassins houillers de la France[1]. Il présente la forme d’un triangle très allongé, dont la base s’appuie sur la Loire et dont le sommet vient aboutir jusque sur la rive gauche du Rhône, en face de Givors. Tout ce territoire appartient à un même système au point de vue de sa formation, mais il est d’usage de le diviser en trois parties : les deux riches bassins de Saint-Etienne et de Rive-de-Gier, et un espace intermédiaire désigné sous le nom de bassin de Saint-Chamond, longtemps regardé comme stérile et encore peu productif aujourd’hui. Le mode d’exploitation de ces terrains offre divers caractères qui touchent au sort de la nombreuse population vivant du travail des mines. Le gîte carbonifère de la Loire est partagé entre soixante-deux concessions d’une étendue et d’une fécondité extrêmement inégales. Il y en a qui se composent seulement de 10 hectares, telles que la concession de Verchères-Feloin, tandis que d’autres en renferment près de 6,000, comme celles de Firminy et Roche-la-Molière. On en compte vingt-cinq à peu près qui sont inactives ou improductives. Certaines concessions sont exploitées isolément et parfois même fractionnées entre plusieurs mains; mais trente-deux, dont quelques-unes sont des plus riches et des mieux situées, appartiennent à une seule société, la Compagnie des mines de la Loire, qui, au moment de sa formation, avait donné lieu dans la presse parisienne à une polémique ardente, et qui est encore dans le pays l’objet des plus vives discussions. Née à Rive-de-Gier, où elle grandit rapidement, cette association compléta son réseau en s’adjoignant, en 1845, une autre compagnie créée dans le bassin supérieur sous le nom de Société des mines de Saint-Etienne[2].

Le travail du mineur varie suivant la disposition des couches : quelquefois le charbon est presque à fleur de terre, et on se borne à percer des voûtes sous lesquelles on descend par une pente plus ou moins

  1. L’étendue des concessions atteint dans la Loire près de 27,000 hectares, mais elle dépasse la ligne carbonifère. D’après le dernier compte-rendu publié par l’administration des mines, le bassin produisait 3,248,000 quintaux métriques de plus que celui du Nord, qui vient immédiatement après sous le rapport des quantités extraites, et qui embrasse 54,000 hectares. Dans la France entière, 453,000 hectares de terrains concédés, renfermant 268 mines exploitées, avaient donné, la même année, 44 millions de quintaux métriques. Les massifs dont l’existence est démontrée dans la Loire contiennent plus de 2 milliards et demi d’hectolitres, et il est permis de conjecturer la présence d’une autre masse de charbon au moins équivalente.
  2. La compagnie figure dans la production générale des houilles de la Loire pour un peu plus des deux tiers. La concurrence a plutôt gagné que perdu du terrain durant ces derniers temps.