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complètement à l’accroissement prodigieusement rapide de la population. Un rapport de la société du Massachusets pour l’avancement de l’instruction chrétienne s’exprimait en ces termes: «Dans les comtés de Rockingham et de Strafford, il y a 45 districts, contenant 40,000 habitans, qui ont été privés des moyens de grâce, les uns pendant dix, les autres pendant vingt, quelques-uns même pendant trente et quarante ans, et dans un district qui renferme 1,063 âmes, après qu’un ministre y a eu résidé vingt ans, l’église visible du Christ a été éteinte durant plusieurs années. » Des rapports faits pour diverses sociétés religieuses, en 1833 et 1835, établissent qu’à cette époque, plus de 1,000 districts et villages n’avaient pas de culte, que 5 millions d’hommes n’avaient pas les moyens de grâce. Le rapport de la société des missionnaires baptistes en 1833 contient ces paroles : «Même si tous ceux qui font profession d’être des instituteurs chrétiens étaient doués des qualités nécessaires, il y aurait encore un déficit de 4,000 ministres pour satisfaire aux besoins du pays ; mais on doit faire une réduction considérable pour ceux qui propagent l’erreur, pour ceux qui ne connaissent pas assez bien la doctrine chrétienne pour l’enseigner convenablement, enfin pour ceux qui sont fortement engagés dans les occupations du siècle au point de ne pouvoir consacrer leur temps à se préparer de manière à être vraiment utiles dans leur ministère. Ces faits montrent une grande et alarmante défaillance dans l’instruction chrétienne. »

Le zèle de toutes les communions, particulièrement des baptistes et des méthodistes, lutte avec ardeur contre cette insuffisance des secours religieux. Il est question en ce moment d’instituer à New-York des prédications en plein air, comme celles de Londres et d’Edimbourg, parce que l’on a reconnu qu’il n’y avait de place dans toutes les églises de New-York que pour une moitié de la population. Il en résulte que l’autre moitié n’assiste pas au service divin.

Revenons à Chicago. Après les églises, la première chose à laquelle on songe en bâtissant une ville, ce sont les écoles. Il y a six écoles publiques à Chicago, dans lesquelles on instruit trois mille enfans. Les écoles ont le trente-sixième des terres à vendre dont l’état dispose, et le produit d’une taxe locale, qui monte ici à 30,000 francs. Les maîtres reçoivent à peu près 1,200 francs, ce qu’on trouve insuffisant. Ils sont aidés par des assistantes, qui font épeler les petits garçons et les petites filles. Aux États-Unis, on emploie beaucoup de femmes dans l’instruction primaire des deux sexes, et on s’en trouve très bien. Elles ont la patience et la douceur nécessaires à ce pénible enseignement. Trop d’autres carrières sont ouvertes à l’activité des hommes pour qu’ils se contentent longtemps d’apprendre à lire à des enfans. Une société s’est formée dans la Nouvelle-Angleterre