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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 1.djvu/922

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plus à notre désavantage, si nous les comprenions dans le calcul.

Cette première difficulté levée, nous en trouvons d’autres. — Les propriétaires français se sont plaints d’erreurs et d’omissions dans la statistique officielle ; ces imperfections sont réelles, quoiqu’elles n’aient pas une aussi grande importance qu’on pourrait le croire ; je les ai indiquées déjà, et j’ai essayé de les réparer. Ce n’est pas là l’embarras le plus grave ; la véritable pierre d’achoppement, c’est la différence des prix. Rien n’est variable comme les prix, soit d’une année à l’autre dans le même lieu, soit d’un point à l’autre du même territoire, à plus forte raison quand il s’agit de mettre en regard des contrées aussi dissemblables. Même en France, les anomalies sont nombreuses ; les prix ruraux ne sont pas ceux des marchés, les prix de la Provence ne sont pas ceux de la Normandie, les prix de 1850 ne sont pas ceux de 1847 ; il en est absolument de même de l’autre côté du détroit, et quand, pour sortir de là, on a recours à des moyennes, on trouve que la moyenne générale du royaume-uni n’est pas la même que la moyenne générale de la France.

Malgré ces causes d’hésitation, il n’est pas absolument impossible de se faire une idée, au moins approximative, de la masse de valeurs créées annuellement dans les deux pays par l’agriculture. En déduisant les produits qui ne sont que des moyens de production, en réparant autant que possible les omissions de la statistique officielle, et en ramenant les prix à la moyenne des années antérieures à 1848, on trouve que la valeur annuelle de la production agricole française devait être, il y a cinq ans, d’environ 5 milliards, divisés à peu près comme il suit :

PRODUITS ANIMAUX


Millions
Viande de bœuf, de porc et de mouton 800
Laines, peaux, suifs, abats 300
Lait, beurre, fromage 100
Volailles et œufs 200
Chevaux, ânes et mulets de trois ans 100
Soie, miel, cire et autres produits 100
Total 1,600
PRODUITS VÉGÉTAUX

millions.

Millions
Céréales pour la consommation humaine 3,500
Pommes de terre 400
Vin et eau-de-vie 500
Bière et cidre 100
Foin, paille et avoine pour les chevaux non agricoles 300
Lin et chanvre 150
Sucre, garance, tabac, huiles, fruits, légumes 500
Bois 250
Total 3,400

Soit en moyenne, pour les 50 millions d’hectares de notre sol, déduction faite de 3 millions d’hectares occupés par les chemins, les