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DES


INFLUENCES ROYALES


EN LITTERATURE.





LOUIS XIV.




Les écrivains qui recherchent dans l’histoire des langues celle des idées, ou du moins celle des prétentions de chaque époque, devraient bien nous expliquer l’heureuse fortune qu’a faite, depuis cinquante ans, le mot influence. Il n’est pas nouveau, mais il a pris de nos jours une signification plus étendue. Au XVIIe siècle, on ne l’employait guère que pour désigner l’action que les astres avaient alors sur la destinée des hommes ; aujourd’hui il sert assez souvent à désigner des influences qui ne sont pas beaucoup plus réelles. Les mots de ce genre, vagues et d’une portée douteuse, sont précieux en un temps où les généralités ambitieuses sont à la mode et où chacun, plus ou moins, aime à planer dans les espaces. On les emploie pour exprimer ces vérités équivoques qu’on peut nier, qu’on peut affirmer avec un succès égal : ressource inestimable pour les dissertations académiques. Des mots nets et précis, représentant des idées claires, sont la mort de toute discussion : si l’on comprenait bien les termes dont on se sert, peut-être parviendrait-on à s’entendre ; on écrirait moins, on penserait et on agirait davantage. C’est pour prévenir ce malheur que le