PROMENADE
EN AMÉRIQUE.
ALBANY ET LES BORDS DE L’HUDSON.[1]
Je m’embarque de bon matin sur un de ces grands bateaux à vapeur de New-York qui sillonnent l’Hudson. Ce nom me rappelle le hardi et malheureux navigateur, le premier explorateur de ce fleuve, alors qu’il coulait à travers des solitudes inconnues. Peu à peu les bords s’élèvent, la scène s’agrandit, mais elle ne devient réellement frappante qu’en approchant de West-Point. Là le lit de l’Hudson se resserre entre des rives élevées ; les formes des montagnes ont cet aspect de masses arrondies qui caractérise en général ce que j’ai vu jusqu’ici de la nature américaine. On ne saurait dire que ces montagnes soient très pittoresques : elles ne sont pas assez abruptes, assez déchirées ; mais elles ont de la grandeur et de la solidité. Les Américains, toujours un peu jaloux de l’Europe, comparent volontiers les bords de l’Hudson aux bords du Rhin. Dans quelques parties, le Rhin me paraît avoir l’avantage, même sans parler des vieux
- ↑ Voyez les livraisons des 1er et 15 janvier, 1er et 15 février et du 15 mars.