Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 2.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on parvenait tout au plus à entretenir convenablement une tête de gros bétail ou l’équivalent par hectare en culture, ce qui était déjà beaucoup plus qu’en France, on prétend aujourd’hui, par la stabulation, en entretenir deux et même trois, et accroître encore considérablement le produit en céréales. Tout devient terre arable alors, et l’assolement de Norfolk peut être appliqué sur l’étendue du domaine, au lieu d’être réduit à la moitié. Telles sont les révolutions des choses humaines ; l’agriculture y est sujette comme le reste. C’est jusqu’ici la pratique du pâturage qui, en augmentant la quantité de bétail et en réduisant la sole de céréales, a grossi le rendement moyen du sol emblavé. C’est aujourd’hui la réduction ou l’abolition du pâturage qui, en augmentant encore la quantité du bétail, donne de nouveaux moyens d’accroître la fertilité du sol et par suite la production du blé pour la consommation humaine . Nous avons dit que, dans l’état actuel des choses, sur une ferme de 70 hectares prise dans des conditions moyennes, 30 seraient en prés et pâturages naturels, 8 en racines et féveroles, 8 en orge et avoine, 16 en prairies artificielles et 8 en blé. Par le nouveau système poussé à ses dernières conséquences, les prairies naturelles disparaîtraient, et les 70 hectares seraient divisés ainsi : 14 en racines ou féveroles, 14 en orge ou avoine, 28 en prairies artificielles, et 14 en blé. La proportion des cultures améliorantes aux cultures épuisantes, qui était dans le premier cas de 54 contre 16, serait dans le second de 42 seulement contre 28 ; mais cette différence est, dit-on, plus que compensée par la masse des engrais nouveaux, puisqu’au lieu de nourrir 70 têtes de bétail ou en nourrit 150 ou l’équivalent, et qu’il ne se perd pas un atôme de fumier.

L’extension des racines, des féveroles et des prairies artificielles aux dépens des prairies naturelles peut-elle réellement, comme on l’affirme, donner deux ou trois fois plus de nourriture pour les animaux ? Cette question est déjà, sur un grand nombre de points, résolue par les faits. Toutes ces cultures sont perfectionnées à la fois, et, avec l’aide du drainage et des machines, portées à leur maximum ; la culture du turneps en lignes, dite à la Northumberland, en double à peu près le produit moyen ; les rutabagas ou navets de Suède, qu’on lui substitue dans les terrains argileux, donnent un résultat encore supérieur, et ce qui grossit encore plus que le reste, c’est le produit des prairies artificielles depuis que deux nouveaux moyens ont été imaginés pour en rendre la végétation plus active : le premier est l’emploi d’une espèce particulière de ray-grass qu’on appelle ray-grass d’Italie, le second, un mode perfectionné de distribution de l’engrais liquide. Le ray-grass d’Italie est une plante extraordinaire pour la promptitude de sa végétation ; il ne dure que deux