Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 2.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les constructions et les tours qui dominaient la porte, et contre lesquelles devaient agir ces puissantes machines figurées dans les bas-reliefs assyriens, fussent construites en argile, comme les murs du palais, édifice de plaisance. Cette construction dépasse d’ailleurs de beaucoup les idées qu’on se formait du talent architectural des Assyriens, et jamais la brique n’a été maniée avec plus d’adresse et d’intelligence. Cette porte de la ville a dix mètres trente-trois centimètres de hauteur sur trois mètres dix centimètres de largeur.

Voilà donc, indépendamment du palais du souverain et de ses vastes annexes, une des pactes de cette ville antique dont les murs ont huit kilomètres de développement, retrouvée dans un état de conservation vraiment merveilleux. C’est un résultat immense acquis à la science ; mais là ne doivent pas s’arrêter les découvertes de nos explorateurs, et quelque jour, grâce à leur zèle et à leurs intelligens efforts, Ninive, si tant est que ce soient les murs de cette vieille cité biblique qu’on ait retrouvés, nous apparaîtra complètement exhumée comme Herculanum et Pompéi. Un fait remarquable prouvera surabondamment que ce n’est pas là une vaine espérance.

Un jour. M. le colonel Rawlinson, ce consul-archéologue si zélé, esprit un peu aventureux peut-être, mais auquel on ne peut refuser ni l’intelligence la plus active ni la plus rare pénétration, parcourait avec M. Place le palais de Khorsahad, la ville et son enceinte, el il félicitait son collègue de la bonne fortune qui livrait à ses explorations ce sol d’une inépuisable richesse. « Pourquoi, ajouta-t-il en s’adressant à M. Place, borneriez-vous cette exploration au monticule principal et aux tertres de l’enceinte, quand vous avez sous vos pieds une ville entière à exhumer ? » Et comme M. Place exprimait à ce sujet quelques doutes : « Je ne vous dis pas, reprit le colonel, que vous retrouverez toutes les rues et toutes les maisons, dont la plupart n’étaient probablement bâties qu’en terre et en briques crues, mais il y avait d’autres édifices dans cette ville dont l’enceinte est encore si nettement tracée devant vous, car j’ai lu dans les inscriptions publiées par M. Botta ce passage souvent répété par le roi Sargon : « J’ai bâti une ville portant mon nom ; dans cette ville, j’ai construit un palais pour moi-même, des temples pour les dieux avec des logemens pour les prêtres, des casernes pour les soldats, des marchés pour les négocians et des maisons pour les domestiques. »

Cette espèce d’évocation, faite sur le sol même de la vieille cité par un des prophètes de la science, avait vivement frappé M. Place. À quelques jours de là, comme il parcourait une, partie de ce vaste emplacement renfermé entre les murailles de la ville, son attention fut arrêtée par une ondulation du terrain formant un léger renflement