et 1725, où il rappelle à Lévêque de Pouilly comment, à quarante ans, il est devenu philosophe en l’écoutant à Paris. Il lui rend compte d’une discussion dans laquelle il a soutenu contre un athée que Dieu existe et que le monde a eu un commencement. Le premier point est établi par la démonstration, le second par la tradition, quoique l’auteur rejette fort dédaigneusement le récit biblique. Le fond de toute religion cependant se trouve dans cet opuscule, où ne manque ni l’esprit, ni la logique, ni même une sorte d’érudition. C’est le premier essai philosophique de l’auteur. Il paraît que le bruit de ses nouvelles études se répandit. Les opinions auxquelles elles l’avaient conduit inquiétaient Swift, qui voulait l’effrayer de l’exemple de Spinoza, et Bolingbroke lui répondait qu’il trouvait Spinoza absurde, et qu’il n’était un esprit fort ou free-thinker que si l’on entendait par là « un homme qui fait un libre usage de sa raison, cherche la vérité sans passion ni préjugé, et s’y attache invariablement, et non pas un de ces fléaux de la société qui s’efforcent d’en relâcher les liens et d’ôter un frein de la bouche de l’homme, cet animal sauvage qu’il serait bon de contenir par une demi-douzaine d’autres freins. »
On raconte que l’abbé Alary visita l’Angleterre en 1725. Il avait connu Horace Walpole chez l’évêque de Fréjus, et fut mené par lui chez son frère. Il s’employa utilement, dit-on, pour Bolingbroke. Toujours est-il que le 25 mai 1725 lord Finch, fils de lord Nottingham présenta une pétition par laquelle Henri Saint-John, ci-devant vicomte Bolingbroke, demandait que l’exécution de la loi rendue contre lui fut suspendue quant aux condamnations civiles, comme elle l’était déjà quant à la peine capitale. Walpole se leva aussitôt, et dit que le roi avait depuis sept ans reçu la soumission du pétitionnaire, et que convaincue de ses intentions de loyauté, sa majesté consentait à l’admission de la pétition. On la reçut en effet, et comme il fut établi par les jurisconsultes de la couronne que le pardon royal ne pouvait abolir toutes les conséquences encourues par l’attainder, lord Finch proposa un bill que Walpole appuya, et qui autorisait Bolingbroke à rentrer dans son patrimoine et à posséder ou acquérir dans le royaume toute espèce de propriétés. Le bill fut vivement combattu par Methuen, qui, étant contrôleur de la maison du roi, s’excusa de son opposition aux intentions généreuses de sa majesté. Il fit impression sur l’assemblée, et fut soutenu par d’autres whigs, Arthur Onslow, lord William Powlett. Les tories se divisèrent. La plupart, guidés par lord Hathurst et par Wyndham, votèrent en faveur de leur ancien chef ; mais les plus fidèles jacobites, obéissant à la consigne venue d’Avignon, refusèrent de le relever des déchéances d’un attainder encouru pour leur cause. Cependant la motion passa à 231 voix contre 113, et Walpole fit écarter une clause qui eût rendu Bolingbroke