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généralement connus, pour se porter sur les instrumens nouveaux, comme un distributeur d’engrais exposé par Garrett, une machine fort compliquée fabriquée par le même pour éclaircir les turneps, et par-dessus tout les machines à moissonner et les machines à vapeur. 12 machines à moissonner. 23 machines à vapeur, attestaient, par leur nombre et leur importance, l’intérêt qui s’attache aujourd’hui en Angleterre à ces nouveaux progrès de l’art agricole ; tous les grands fabricans d’instrumens aratoires avaient tenu à honneur d’envoyer leur contingent.

On sait le bruit que fit en 1851, lors de son apparition à l’exposition universelle, la machine américaine à moissonner de Mac-Cormick, venue du fond de l’Illinois. Je l’avais vue, alors fonctionner dans une ferme près de Londres, et j’avais pu apprécier ce qu’elle avait à la fois d’ingénieux et d’incomplet. Parfaitement à sa place dans un pays comme l’Illinois, où la terre est pour rien et la main-d’œuvre hors de prix, elle ne répondait pas encore suffisamment aux besoins d’un pays comme l’Angleterre, où la perfection du travail n’est pas moins à considérer que la promptitude ; mais l’imagination des agronomes anglais avait été frappée du résultat obtenu : il était désormais évident qu’une machine à moissonner était possible, il ne s’agissait plus que de la perfectionner. Or, l’utilité d’une pareille machine devient de plus en plus sensible depuis que les troupes d’Irlandais faméliques qui venaient tous les ans couper les blés en Angleterre sont éclaircies et probablement bientôt seront supprimées par l’émigration, et que la demande croissante de travail pour le commerce, les manufactures et l’agriculture elle-même fait monter les salaires en quelque, sorte à vue d’œil.

On attache donc un grand prix au succès de la machine à moissonner, reaping machine. J’ai fait le voyage de Londres à Glocester avec de simples fermiers, non des millionnaires qui se ruinent à cultiver pour leur agrément, mais des cultivateurs praticiens ayant de lourdes rentes à payer, qui faisaient leurs cinquante lieues uniquement pour voir par eux-mêmes si le problème était résolu : tous disaient que la difficulté de trouver des moissonneurs devenait un sérieux embarras. Je n’ai pas besoin d’ajouter qu’ils étaient déjà munis de machines à battre, thrashing machines. Ces sortes d’instrumens, qui coûtent en moyenne un millier de francs, sont maintenant très répandus ; il y en avait vingt-quatre à l’exposition de Glocester. Mes compagnons de voyage disaient qu’avec leur secours, ce qui coûtait autrefois des shillings s’obtenait aujourd’hui avec des pence, et ils espéraient bien que la machine à moissonner finirait un jour ou l’autre par leur donner les mêmes avantages. Je le souhaite, car ils m’avaient l’air de bien braves gens et tout entiers à leur affaire. Ils n’ont pas dit un mot pendant tout le voyage qui ne s’appliquât à des questions agricoles ; ils paraissaient fort au courant de tout ce qui se fait en culture d’un bout à l’autre de l’Angleterre, et doivent être des lecteurs assidus du Mark lane Express et du Farmer’s Magazine.

Le prix de 20 souverains (500 francs) promis par la Société royale pour la meilleure reaping machine n’a pas été encore décerné ; on veut attendre l’époque de la moisson pour essayer sur place celles qui ont été envoyées au concours. On s’est borné à en choisir six sur douze pour les admettre à l’épreuve définitive. Celle qui paraît avoir le plus de chances de l’emporter