croisés sur sa poitrine, ne quittant pas du regard les bûches qui fumaient à qui mieux mieux ; toutefois aux deux coins de sa bouche se dessinait déjà la menace d’un sourire qui déplut à Fleda.
« — Qu’en dites-vous, Cynthy ?
« — Je crois que vous feriez mieux de vous adresser à quelque autre, répondu en lin miss Gall avec une sorte de sécheresse condescendante et un sourire qui en disait long.
« — Pourquoi ? reprit Fleda. J’aimerais Lien mieux une ancienne amie qu’une personne étrangère.
« — C’est vous qui êtes chargée du ménage ? demanda Cynthy avec une certaine brusquerie.
« — Oh ! je fais un peu toute chose,… même la cuisine, et la ménagère aussi, quand cela se trouve… Mais si vous venez, Cynthy, vous serez la femme de charge.
« — Je pense que mistress Rossitur n’a pas grand’chose à démêler avec les personnes qui l’aident,… n’est-ce pas ? demanda Cynthy après une pause durant laquelle les coins de sa bouche n’avaient pas bougé. Ce ton de susceptibilité indépendante jeta quelques lueurs dans l’esprit de Fleda.
« — Ma tante n’est pas assez forte pour faire beaucoup par elle-même ;… il lui faut quelqu’un qui la dispense de presque tous les soins intérieurs. Vous aurez le champ libre, allez, Cynthy.
« — Votre tante a-t-elle deux tables distinctes ?… Je le présume ; mais enfin cela est-il ainsi ?
« — Oui… Mon oncle ne veut avoir avec lui que sa famille.
« — Eh bien !… je vois que je ne conviendrais pas, dit miss Gall après une autre pause, et se baissant tout à coup comme pour ramasser quelques brindilles éparses devant le foyer ; mais Fleda put voir le rouge qui lui était monté au visage et le sourire nettement dessiné où venait se peindre le plaisir de la vengeance immédiate qu’elle venait de se procurer par son refus. Il ne lui en fallut pas davantage pour rester convaincue que miss Gall, en effet, « ne conviendrait pas. » Toutefois elle était peinée en même temps de voir la joie méchante avec laquelle, sans aucune nécessité, son ancienne gouvernante la désappointait ainsi. »
La jeune ménagère ne se décourage pourtant pas, et, sur de nouvelles indications, se rend chez les Finns. — Il serait possible qu’une des demoiselles de la maison voulût entrer chez mistress Rossitur. Mistress Finn, installée dans sa cuisine et le balai à la main, donne audience à Fleda. Quand elle apprend ce dont il s’agit : « - Eh bien ! dit-elle, on pourrait voir. Je vous donnerais bien Hannah,… mais nous en avons besoin chez nous… D’ailleurs elle est un peu maladive, et il vous faut une personne solide. Nous avons encore Lucy…, mais il faudrait que ce fût son idée. Elle ne fait rien que selon son idée… »
Fleda insistant pour savoir à quoi s’en tenir là-dessus, et Lucy étant allée travailler au dehors, mistress Finn engage la nièce de