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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 août 1853.

Si les apparences ne sont point trompeuses, si de ce tourbillon d’incidens contradictoires et d’efforts confus il ne sort rien qui vienne encore déconcerter les provisions, l’Europe peut se croire sur le point, d’être déchargée d’un grand poids ; elle semble toucher au terme des incertitudes et des perplexités de ces derniers mois au sujet de la crise d’Orient, et ce terme, ce sera la paix. Il y a deux mois comme aujourd’hui, on croyait sans doute à la paix : on y croyait, parce qu’on la voulait ; on la voyait même, il faut le dire, là où la Russie ne semblait pas prendre un grand souci de la mettre ; mais en définitive, entre des prétentions aussi nettement avouées que celles du tsar et une résistance aussi légitime, aussi fermement appuyée que celle de la Porte Ottomane, le difficile était de savoir comment on parviendrait à trouver un moyen de conciliation : on était dans un labyrinthe dont on n’apercevait pas l’issue. Aujourd’hui c’est cette issue qui commence à se dévoiler. La Russie a poursuivi son invasion dans les principautés moldo-valaques avec toutes les apparences d’une conquête réelle, au point même de rompre le dernier lien de ces provinces avec le sultan. La Turquie a continué ses armemens, les flottes de l’Angleterre et de la France sont restées à Besika, et pendant ce temps la diplomatie a fait son œuvre, elle a renoué les fils rompus des négociations. C’est dans une conférence diplomatique tenue à Vienne, et où étaient représentées les quatre grandes puissances occidentales, qu’a été préparé un projet de transaction destiné à mettre un terme à ces tristes complications. Le plan de la conférence de Vienne a dû être immédiatement soumis au tsar et au sultan. Il n’y avait plus que deux choses à savoir, d’abord si la transaction serait acceptée par la Russie et par la Turquie, ensuite quels sont les termes mêmes de cet arrangement. Quant à l’acceptation, il s’est déjà confirmé qu’elle avait eu lieu, et elle ne pouvait guère être douteuse. Quelque intérêt propre que l’Autriche et la Prusse aient à dé-