Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 3.djvu/925

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

BOLINGBROKE


SA VIE ET SON TEMPS




TROISIEME PARTIE.[1]




XIII

Bolingbroke arriva le 17 août 1712 à Paris, accompagné de Prior et de l’abbé Gautier, et descendit chez Mme de Croissy, mère du marquis de Torcy, qui vint en poste le joindre de Fontainebleau, où était le roi. On tomba bientôt d’accord sur les points importans, et l’on décida que la convention définitive serait précédée d’une nouvelle suspension d’armes par mer et par terre. Deux jours après, Bolingbroke fut conduit à Fontainebleau. Il y logea dans un appartement disposé pour le maréchal de Boufflers, et dès le lendemain, le dimanche 21, à neuf heures du matin, il eut une audience du roi. On remarqua la bonne grâce avec laquelle il s’acquitta de sa commission. La facilité de son élocution dans notre langue fut admirée, et tout confirma la haute opinion que la réputation de ses talens et son obstination pour la paix avaient donnée de lui à la cour de France. Louis XIV s’exprima, comme il savait le faire, avec naturel, avec dignité, mais en parlant extrêmement vite. Il témoigna pour la reine d’Angleterre les sentimens de bienveillance et d’affection que la France assurément lui devait ; puis il entendit la lecture des articles qu’il approuva et la convention pour une suspension d’armes de quatre mois, laquelle fut signée dans la soirée. Les courtisans s’empressèrent

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 août dernier.