rois, princes, souverains, et en général aux dépositaires du pouvoir parmi les nations baptisées. On y annonçait formellement que de nouveaux apôtres avaient reçu la mission d’appeler le monde chrétien à la pénitence et de préparer les voies du Seigneur, car son sanctuaire allait être bâti. Ces opinions singulières attirèrent contre les ministres qui s’en firent les propagateurs et les adhérens une sorte de persécution. Ces ministres, qui étaient pour la plupart Écossais, se virent repoussés de l’église nationale et contraints d’aller constituer une église à part. Le plus notable de ces pasteurs exclus par leurs confrères les presbytériens était un certain Edouard Irving, ministre de l’église écossaise à Londres. Cet ecclésiastique dissident devint un des plus zélés et des plus fougueux apôtres du néo-protestantisme. Il exposa la croyance à une rénovation chrétienne et à la fin prochaine de l’univers avec tant de chaleur, il s’éleva, du haut de la chaire ou dans ses écrits, si ouvertement contre ce qu’il appelait la corruption du siècle, qu’il finit par devenir l’âme de la nouvelle secte. Il fut regardé, par ceux qui s’étaient laissés persuader, comme l’envoyé du Seigneur, comme un évangéliste et un prophète, et en cette qualité il demeura jusqu’à sa mort, arrivée le 8 décembre 1834, le chef ou, suivant l’expression de ses disciples, l’ange de la nouvelle église.
Les Irvingiens, tel est le nom sous lequel ces sectaires ne tardèrent pas à être connus en Angleterre, étaient en général des chrétiens fort sincères, d’une tournure d’esprit faible et mystique, depuis longtemps tourmentés sur le vrai moyen de faire leur salut. Irving parait, comme ses disciples, avoir souvent adressé à Dieu de fréquentes prières, afin d’obtenir les lumières du Saint-Esprit et le retour de ses dons miraculeux, dont l’église était depuis longtemps déshéritée. En cela, il ne faisait que se conformer aux exhortations que plusieurs pasteurs anglicans et presbytériens adressaient depuis quelque temps à leurs ouailles. Un de ces pasteurs, M. Haldane Stewart, avait notamment publié un livre où il engageait tous les fidèles à réunir leurs prières en vue d’obtenir une nouvelle communication de l’Esprit saint, et ce livre, ainsi que plusieurs sermons éloquens, prêches dans le même sens par M. Hugh M’Neile, avait produit une grande sensation. Suivant les Irvingiens, Dieu exauça ces prières ferventes et réitérées. Des grâces miraculeuses se répandirent sur les membres de la nouvelle église, et réveillèrent ainsi l’esprit et la sainteté du christianisme primitif, qui s’étaient depuis longtemps perdus. Les nouveaux apôtres du Saint-Esprit et leurs disciples rentrèrent en possession des grâces extraordinaires qui avaient marqué la mission des apôtres du Christ. Cela veut dire que le don des langues, celui de prophétie, celui de guérir les malades et en général d’opérer des miracles furent accordés aux Irvingiens. Ceux-ci sont à cet égard pleinement convaincus, et ils citent, comme témoins oculaires, des faits qu’ils opposent à la critique incrédule.
Dans leur organisation, les Irvingiens s’efforcent de reproduire les formes et la hiérarchie de la première société, chrétienne, car ils représentent les saints qui composent le royaume de Jésus-Christ pendant le millenium. Ce royaume, gouverné par le Sauveur comme grand-prêtre, est administré par trois sortes de pasteurs auxquels le Fils de Dieu délègue sa puissance : les iniques ou anges, les prêtres ou anciens, les diacres. Chacun de ces ordres