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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 décembre 1853.

Les faits sont venus heureusement et promptement confirmer ce que nous disions des premiers, il y a quinze jours sur la tournure nouvelle qu’étaient sur le point de prendre les affaires d’Orient. Le rétablissement d’une action commune entre la France, l’Angleterre, l’Autriche et la Prusse n’est plus une simple éventualité aujourd’hui ; c’est une réalité attestée pas les déclarations officielles, et qu’attesteront mieux encore, sans nul doute, les actes pour lesquels a été justement renoué cet accord nouveau entre les puissances de l’Occident. C’est le 5 décembre qu’a été signé à Vienne entre les quatre cours le protocole destiné à rapprocher et à confondre leur politique, et ainsi se trouvent fortifiées les chances de la paix en présence « les chances de conflagrations qui grandissaient singulièrement. Quoi qu’il arrive maintenant sur le double théâtre où s’agite la lutte commencée entre la Russie et la Turquie, il y a à l’Occident yn contre-poids dans la résolution à laquelle viennent de s’arrêter l’Angleterre, la France, la Prusse et l’Autriche. En définitive, la base de cette résolution, sans qu’il soit besoin d’autre traité, c’est la convention de 1841 ; il ne manque que la Russie, dont le rôle a changé, et qui se trouve précisément menacer l’œuvre à laquelle elle a elle-même coopéré. Lorsque cette crise commençait et laissait déjà pressentir toute sa gravité, les gouvernemens de l’Europe voyaient bien qu’il y avait pour eux un devoir commun à remplir dans l’intérêt de la sécurité générale du continent. Ils voyaient bien qu’un conflit où était engagée une question de souveraineté et d’indépendance pour l’empire ottoman était naturellement du ressort de tous les cabinets. De là était née la pensée de la première conférence de Vienne, de là était née aussi la note un moment proposée à l’acceptation de la Russie et de la Turquie. Malheureusement, on sait le peu de fortune de cette note : elle disparut un jour, laissant à demi dissoute, la conférence qui l’avait élaborée. Qui avait soufflé sur elle ? Un peu tout le monde, en cherchant à l’interpréter de trop