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hommes les plus considérables de l’Angleterre se sont fait un devoir de souscrire pour ce grand établissement, qui a beaucoup d’analogie avec notre ex-institut national agronomique. Il n’a pas été plus que le nôtre à l’abri des hésitations et des difficultés qui embarrassent la marche de toute institution naissante ; mais la persévérance anglaise ne se rebute pas pour si peu. C’est aussi dans cette région que résidait un des grands propriétaires anglais occupés avec le plus de succès de perfectionnemens agricoles, lord Ducie. Cet habile agronome vient de mourir, et la vente de ses étables, le 24 août dernier, a offert un de ces spectacles qui ne se voient qu’en Angleterre. Près de 3,000 amateurs étaient accourus à la ferme de Tortworth-Court: 62 bêtes de la race courtes-cornes ont produit 9,361 livres sterl. ou 234,000 francs, soit en moyenne 3,775 francs par tête. Une seule vache de 3 ans s’est vendue avec sa génisse, âgée de 6 mois, 1,010 guinées; il est vrai que c’était une descendante de la célèbre duchesse de Charles Collings.

La vallée de Glocester a été bien autrement douée par la nature que les costwolds, mais l’industrie humaine a moins fait pour elle. La moyenne de la rente y atteint environ 90 francs par hectare. Le sol presque tout entier est en herbages, et la réputation du fromage qu’il produit est ancienne et méritée. Malgré ces avantages, on s’accorde à dire que l’organisation agricole pourrait être meilleure et le produit aisément accru. Le drainage est encore peu usité, l’emploi des engrais supplémentaires peu commun. On attribue généralement cet état arriéré à la division de la propriété et de la culture. La crise, qui a en général épargné les pays d’herbages, a sévi dans la vallée de Glocester. La baisse générale des prix s’est fait sentir aussi sur les fromages; le produit moyen d’une vache, qui était évalué autrefois à 200 francs par an, est tombé à 175. Les fermiers d’herbages, pauvres déjà et réduits par la concurrence au strict nécessaire, n’ont pas pu supporter cette réduction. A leur tour, les propriétaires, ayant besoin de tout leur revenu, ont pu difficilement diminuer leurs rentes ou faire des sacrifices en améliorations pour augmenter le produit. C’est là le cercle vicieux ordinaire dont il faut cependant sortir. Au fond de cette pauvreté accidentelle, il y a une grande richesse réelle, car le produit brut est toujours là. Du reste, rien ne révèle à l’œil ces souffrances; il est difficile de voir un plus charmant paysage que les fraîches vallées de la Severn et de l’Avon, avec leur éternelle verdure, leurs haies luxuriantes et leurs milliers de vaches au pâturage. Il semble que l’aisance et le bonheur devraient toujours habiter un pareil pays.

Parmi les six comtés de l’ouest, trois forment la région des herbages, les trois autres appartiennent à la région montagneuse qui