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le consentement de la Porte, écrivait-il le 20 juin, justifierait sans doute le recours aux hostilités ; mais la conservation de la paix aussi longtemps qu’il est possible de la conserver avec une chance de terminer par des négociations le différend actuel est d’une si grande importance, que je n’ai point hésité à conseiller la prudence à l’approche de l’invasion des principautés[1]. » On aurait pu croire qu’en envoyant leurs escadres aux Dardanelles, les deux puissances encourageaient les dispositions guerrières de la Turquie, mais les déclarations de nos ambassadeurs ramenaient à son vrai sens cette mesure de précaution. « Je parlai, écrivait encore lord Stratford en rendant compte d’une audience du sultan, de l’arrivée de l’amiral Dundas, avec l’escadre sous ses ordres, dans la baie de Besika, et j’expliquai à sa majesté impériale les sentimens amicaux et les vues éventuelles dans lesquelles une force aussi puissante avait été mise à ma disposition. Je lui donnai distinctement à entendre que la paix était le grand objet de la politique anglaise, comme elle était sans doute celui de sa majesté, et qu’en conséquence l’escadre britannique ne pourrait être appelée à rendre des services actifs que pour protéger l’empire ottoman contre un danger immédiat, et auquel on ne pourrait

  1. Lord Stratford de Redcliffe to the earl of Clarendon. Corresp., part I, n° 308.