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russe voulait soumettre à la considération des puissances la réponse que, suivant ce plan, il devait faire au sultan, si cette réponse contenait des assurances satisfaisantes sur la pensée de la Russie, si en même temps les stipulations en étaient aussi obligatoires pour la Russie que celles de la note Mencliikof devaient l’être pour la Porte, la France, après s’être préalablement entendue à ce sujet avec l’Angleterre et l’Autriche, serait prête à conseiller à la Porte cette solution. — Soit que la Russie ne voulût point se soumettre à ces conditions équitables, soit que son attention fût détournée par les autres combinaisons qui furent présentées, il ne fut plus question de ce plan. Il est inutile de dire que M. de Bourqueney en avait désavoué la paternité dans les termes les plus positifs[1].

M. de Buol, nous l’avons dit, en même temps qu’il essayait de retenir la Russie sur la frontière des principautés, avait essayé d’agir à Constantinople. Il ignorait encore si la Turquie ferait à l’ultimatum de M. de Nessolrode une réponse négative. Dans cette dernière hypothèse, il écrivit à l’internonce, M. de Bruck, qu’il faudrait « que Rechid-Pacha examinât encore une fois le projet, de note du prince Menchikof, et le comparât avec celui que la Sublime-Porte avait rédigé dans l’intention de l’adresser au prince avant son départ. » Il engageait Rechid-Pacha à poser les termes de ces deux notes, à en préciser les différences essentielles, ou à voir si ces différences n’étaient pas seulement dans les mots. Enfin, « pour le cas, disait-il à M. de Bruck, où M. le ministre serait disposé à proposer quelques changemens dans la note russe que la Porte croirait pouvoir accepter et que l’on pourrait espérer de voir accepter à Saint-Pétersbourg, votre excellence est autorisée à recevoir ces propositions et à nous les communiquer pour y appuyer notre médiation ultérieure, et pour préparer un accueil favorable à l’ambassadeur que la Sublime-Porte a l’intention d’envoyer à Saint-Pétersbourg. » Cette ouverture fut communiquée Le 22 juin aux trois ambassadeurs à Constantinople, qui s’y joignirent, et fut recommandée à la Porte le 24, au nom des quatre puissances, par un mémorandum[2]. On proposait à la Turquie de faire une fusion (c’est le mot même du mémorandum) entre la note russe et la note turque. Pour en finir avec cette démarche, disons tout de suite qu’elle fut bien accueillie par les ministres turcs et par le sultan, que Rechid s’occupa de cette fusion des deux notes, mais que ce travail demeura sans résultat à Constantinople, car l’invasion des principautés vint appeler sur des actes plus pressons l’attention de Rechid-Pacha.

  1. Sir G. H. Seymour to the earl of Clarendon. Corresp., part I, n° 317. – Lord Cowley to the earl of Clarendon. Corresp., part I, n° 315, 320. 339.
  2. Corresp., part I, inclosures 1 and 2 in n° 321.