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LE
CHEVALIER SARTI
HISTOIRE MUSICALE


PREMIÈRE PARTIE.

BEATA.


C’est en Allemagne que je rencontrai pour la première fois un homme dont la physionomie intéressante excita fortement mon attention. À deux reprises, j’ai parlé ici du chevalier Sarti[1] : c’est sa destinée tout entière que, fidèle à une ancienne promesse, je voudrais raconter aujourd’hui. En retraçant cette histoire, je pourrai d’ailleurs suivre l’art musical contemporain à travers les principales évolutions qui ont marqué son développement, et auxquelles, par un singulier hasard, l’existence du chevalier s’est trouvée mêlée.

Dès notre première rencontre, je me sentis attiré vers Lorenzo Sarti par sa qualité de Vénitien et de grand connaisseur en musique ; plus tard, je fus séduit par l’originalité de son caractère et les tendances de son esprit. Élevé au sein du catholicisme et nourri de la morale évangélique, le chevalier n’en subit pas moins l’influence de la philosophie du XVIIIe siècle, dont il combina les doctrines avec un fonds de christianisme qui a toujours persisté en lui. Il admirait

  1. Voyez l’étude sur Don Juan, livraison du 15 mars 1849, et une Sonate de Beethoven, livraison du 1er octobre 1850.