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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/855

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de Paris dans tous nos ports par le télégraphe électrique, ainsi que le règlement des montres marines, seront un motif d’utilité pour l’établissement de ces observatoires. La France, cette dispensatrice de la renommée pour le monde entier, aura pour l’astronomie une plus large part à distribuer à ses citoyens. En Angleterre et en Amérique, c’est par dizaines que l’on peut compter les observatoires non dépendans du gouvernement.

La première et l’une des plus célèbres questions de l’astronomie, c’est la forme et la mesure de la terre, La grande mesure de France, commencée sous Louis XIV, continuée sous Louis XV et achevée de nos jours, a été suivie des travaux admirables des Anglais dans l’Inde, et plus récemment encore de ceux des Russes, qui, en 1853, ont terminé les travaux relatifs au grand arc terrestre, lequel, du Cap-Nord à la Mer-Noire, embrasse presque la moitié de la distance du pôle à l’équateur. Les astronomes de plusieurs nations ont concouru à ce beau travail, mais c’est à la Russie et à M. Struve, l’astronome sans pair, que le monde savant est redevable des résultats de l’an dernier : Les grandes irrégularités de la forme de notre globe, rendues encore plus sensibles par la petitesse de l’homme, forcent à mesurer la terre suivant plusieurs méridiens. Il y a déjà longtemps que je dis qu’il n’y a pas plus deux méridiens terrestres égaux qu’il n’y a deux feuilles de chêne égales entre elles dans une forêt. Après avoir cru que tout était fini par la mesure du méridien français, on a reconnu la nécessité de celui de l’Inde et de celui de Russie. Les admirables progrès de la jeune Amérique dans les sciences nous donneront bientôt, sous la direction de M. Hache, aux États-Unis, un grand nombre de mesures de portions de la terre, d’où enfin on conclura non-seulement la forme générale, mais encore la configuration locale de toutes les parties de notre globe. Revenant à notre France, à laquelle on rend la justice de reconnaître qu’elle a pris l’initiative de ces grands travaux, nous dirons qu’elle n’en est pas à se reposer sur ses mérites passés. La science n’admet point pour les nations ces attributs de la vieillesse, repos et dignité (l’otium cum dignitate de Cicéron). Notre corps impérial d’état-major, recruté en partie à l’École polytechnique, est en lui-même un corps savant de premier ordre aussi bien qu’un corps actif, et, avec le concours de M. Faye, il a été présenté à l’Institut un projet de complément des travaux français antérieurs. En profitant des nouveaux perfectionnemens de l’astronomie et de l’emploi du télégraphe électrique, on utilisera tous les travaux géodésiques du commencement de ce siècle. À l’exception de L’Espagne, qui jusqu’à ce jour n’a point encore de triangulation géodésique, le travail de l’état-major français sera suivi probablement dans toute l’Europe, — et nous saurons !

Au commencement de ce siècle, sous l’empire, la question des prix décennaux eut un grand retentissement. L’empereur avait demandé à l’Institut un rapport sur les progrès des sciences et de la littérature. Cette idée modifiée pourrait devenir un grand encouragement aux savans de tous les pays. Admettons, par exemple, que Napoléon III appelle les diverses sections de l’Académie des sciences à établir le bilan scientifique de la première moitié du XIXe siècle, avec discussion publique et reconnaissance des droits de toutes les nations et de tous les individus dans ce beau concours de l’intelligence, et de l’activité humaine. D’abord justice serait rendue, ce qui est un devoir, ensuite les travaux futurs seraient dirigés vers le mieux, ce qui est un grand