si redoutables dans les plaines désertes de la Russie septentrionale. Nous sommes ainsi familiarisés tout de suite avec les dangers et les aventures d’un voyage à travers les steppes. C’est donc parfaitement aguerris que nous franchissons dans une vieille diligence russe la distance qui sépare Saint-Pétersbourg de Moscou. Dans cette seconde capitale de l’empire, ce sont les souvenirs de 1812 qui préoccupent surtout le voyageur. Toutes les grandes époques de l’histoire des tsars ont laissé là des vestiges ou des monumens, depuis le règne d’Ivan le Terrible jusqu’à celui d’Alexandre. Les chapitres sur Moscou terminent la première et la plus importante partie du livre de M. de Saint-Julien. La seconde partie est tout entière consacrée à suivre le cours du Volga. Ce grand fleuve nous aide à parcourir sans fatigue quelques-unes des régions les plus curieuses de la Russie centrale. Nous visitons Nijni-Novgorod et sa foire, Kazan et sa forteresse, Saratoff et ses établissemens agricoles, enfin Astrakhan et ses bazars. Dans la troisième partie enfin, le Caucase et la Crimée nous dévoilent, l’un les mystères de ses montagnes, l’autre les trésors de sa civilisation orientale, et le récit d’un intéressant voyage en Sibérie complète le volume. Nous l’avons dit, ce qui distingue surtout la relation de M. de Saint-Julien, c’est l’absence de cet esprit de système qu’apportent trop souvent les voyageurs en Russie. L’étude des institutions politiques les détourne de l’observation des mœurs. M. de Saint-Julien est avant tout préoccupé des mœurs, et particulièrement de celles des classes populaires. C’est dans ces couches trop peu connues de la société russe que se conserve le plus fidèlement l’esprit national. Tableau exact dans sa rapidité, le Voyage en Russie n’a pas seulement l’intérêt d’un récit pittoresque ; c’est un ensemble d’études sérieuses sur les races qui l’habitent, sur ces coutumes et ces croyances dont la mystique influence s’est fait sentir tant de fois et pèse encore aujourd’hui sur la politique du gouvernement russe. Éclairer ainsi le rôle et les destinées d’un pays par le caractère de ses habitans, c’est une tâche que bien peu de voyageurs se proposent, et que M. de Saint-Julien a dignement su remplir.
DE LA MÉTÉOROLOGIE DANS SES RAPPORTS AVEC LA SCIENCE DE L’HOMME ET PRINCIPALEMENT AVEC LA MEDECINE ET L’HYGIÈNE PUBLIQUE, par M. P. Foissac[1]. — Pour peu que l’on réfléchisse sur les rapports des sciences entre elles, il est impossible de ne point être frappé des liens qui les rattachent l’une à l’autre dans une étroite unité. Soit que l’on envisage dans l’homme l’âme ou le corps, c’est là une vérité frappante. Cette pensée des relations intimes des sciences et de leur concours vers un but commun domine le travail substantiel et animé de M. le docteur Foissac, et, après l’avoir développée en rappelant que tous les grands médecins ont été éminens dans les sciences et la philosophie, il en fait avec succès l’application à l’étude de la météorologie dans ses rapports avec la médecine.
Depuis l’impulsion féconde qui a été donnée de nos jours à la physique, à la chimie, aux mathématiques, à l’observation des phénomènes terrestres ou célestes, les progrès de la météorologie ont été aussi variés qu’importons, et, quoique cette science recèle encore bien des mystères, elle est sur un grand
- ↑ 2 vol. in-8o, 1854 ; Paris, chez Baillière.