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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mai 1854.

S’il est un fait de nature à saisir vivement l’attention, c’est la marche lente, mais irrésistible, suivie par cette crise orientale au bout de laquelle l’Europe s’est trouvée placée en présence de toutes les perspectives de la guerre ; c’est en outre cette espèce de force des choses qui a fait entrer la politique occidentale dans une voie nouvelle, en scellant des alliances inattendues, en réunissant, sous l’impulsion d’un intérêt commun, les gouvernemens en apparence les moins préparés à agir ensemble sur le même terrain. Il a pu y avoir des hésitations, les gouvernemens ont pu ne pas juger la question d’Orient du même point de vue à tous les instans : dans le fond, l’Angleterre, la France, l’Autriche et la Prusse n’ont cessé d’être moralement d’accord sur le principe même de cette complication ; les liens de leur politique n’ont fait que se resserrer, et aujourd’hui la Russie se trouve diplomatiquement isolée, en attendant qu’elle se trouve seule pour soutenir contre tous, les armes à la main, une cause désespérée. Nous voudrions préciser cette situation qui peut donner à la politique occidentale une infaillible efficacité par l’union de toutes les volontés et de toutes les forces, ou qui pont devenir le point de départ d’une série de faits nouveaux, peut-être de négociations nouvelles, ou du moins de tentatives de négociations, si l’empereur Nicolas s’arrête un moment à considérer l’extrémité où il s’est placé.

On n’a cessé de l’observer, la question d’Orient depuis son origine se développe, au point de vue diplomatique, sous un double aspect. Entre la France, l’Angleterre, l’Autriche et la Prusse, il y a une entière conformité de vues et de principes sur les conditions essentielles de l’équilibre général, sur la moralité des entreprises russes contre l’empire ottoman, et en même temps il y a un accord particulier entre l’Angleterre et la France pour tirer des conséquences plus directes, plus effectives de ces principes adoptés en commun. C’est la même politique, seulement avec un caractère plus tranché. La France