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Arscharounienne (Arscharounian Enguèrouthioun). C’est, à véritablement parler, la première gazette qui sût existé en Turquie dans toutes les conditions de rédaction et de publicité que comporte ce genre d’écrits. Il n’est donc pas exact de prétendre, comme l’a fait M. Ubicini, que le Spectateur de l’Orient, fondé à Smyrne en 1825 par M. Blacque, est la première feuille périodique qu’ait possédée l’empire ottoman[1]. Les guerres de Napoléon, qui occupaient alors l’attention générale de l’Europe, et les conséquences qu’elles pouvaient entraîner, surtout pour la Turquie, tels furent les sujets que traita d’abord et exclusivement l’Observateur de Byzance; mais bientôt, élargissant son cadre, il y fit entrer quelques articles littéraires et scientifiques. Cette feuille ne fut, à proprement parler, qu’un essai : elle ne paraissait que tous les quinze jours et en une demi-feuille seulement; elle dura quatre ans, jusque vers le milieu de 1816. Après un intervalle de seize années et au commencement de 1832, elle fut remplacée par une traduction arménienne du Takvimi Vekâï (Table des Événemens), gazette officielle de la Sublime-Porte, consacrée à enregistrer les nouvelles de l’empire ottoman, les actes du gouvernement, à célébrer en termes pompeux et avec prolixité les innovations et les bienfaits du sultan, mais passant très rapidement sur les faits étrangers. Cette traduction, après s’être soutenue à peine une année, tomba, ressuscita en 1838, pour expirer bientôt après, revivre une troisième fois sous le titre de Courrier de Byzance, et cesser encore au bout de peu de temps. Les autres emprunts faits par les Arméniens à la presse turke sont le Djeridéî Havadis (Registre des Nouvelles), qui parut en 1840, mais qui n’eut qu’une existence éphémère, et enfin le Sedjmaï Havadis (la Semaison des nouvelles), feuille mensuelle encore aujourd’hui en cours de publication.

Le premier journal spécial, et pour ainsi dire officiel, que les Arméniens aient eu à Constantinople est le Haïasdan (l’Arménie), qui fut fondé en 1846, et qui eut pour mission de relater, outre les actes du gouvernement, turk, tous les faits politiques, littéraires et commerciaux, qui intéressaient plus particulièrement les Arméniens. Le Haïasdan, dont les rédacteurs en chef furent MM. J. Tchamourdji-Oglou et J.-B. Agathon, se maintint jusqu’en 1849, époque où des discussions qui s’élevèrent au sein de la nation et un découvert dans les dépenses de ce journal y firent apporter quelques changemens. M. Tchamourdji-Oglou se retira, et en laissa la direction à M. Agathon, qui s’adjoignit dix collaborateurs gratuits. En même temps le conseil civil ou comité national prit ce journal sous son patronage, et

  1. Lettres sur la Turquie, 2e édition, p. 257.