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Le collège Raphaël admet de trente à trente-cinq élèves, et le collège Samuel Moorat en réunit soixante en ce moment, pris indistinctement dans les deux communions qui partagent la nation arménienne. Les pères de la même congrégation à Vienne s’occupent aussi, dans leur couvent de la Josephstadt, d’initier aux méthodes européennes les jeunes Arméniens qui leur sont confiés et qui viennent, soit des différentes provinces de la Turquie, soit des principautés danubiennes.

Les provinces de l’empire ottoman et celles du Caucase qui appartiennent à la Russie n’ont pas de ville tant soit peu considérable habitée par les Arméniens où ils n’aient fondé des écoles primaires et d’autres où l’enseignement représente ce qu’est chez nous l’instruction du deuxième degré. Ces établissemens sont ordinairement placés dans l’enceinte ou le voisinage des églises et des monastères, et sous la direction ou la surveillance du clergé. Ils sont entretenus aux frais des associations patriotiques. Les uns admettent des enfans des deux sexes, lorsqu’ils sont tout à fait en bas-âge; d’autres ont un local et des professeurs particuliers pour les filles et pour les garçons; enfin il en est qui reçoivent des filles seulement. Le nombre des enfans du sexe qui fréquentent ces écoles est proportionnellement très limité; leur éducation se borne aux premiers principes du catéchisme, de la grammaire et du calcul et à quelques ouvrages d’aiguille; elle finit de très bonne heure. Cette interruption a pour cause la répugnance qu’ont les mères à se séparer de leurs filles, et le préjugé, si profondément enraciné dans les mœurs de l’Orient, qui séquestre les femmes dans l’intérieur du gynécée et les voue exclusivement aux soins domestiques.

Les villes de la Turquie où l’instruction publique a fait le plus de progrès parmi les Arméniens sont, en Europe, Bucharest, Andrinople, Varna; en Asie, Kaisarié, Sivas, Tokat, Brousse, Smyrne, Erzeroum, Kharbrout, Mousch, Van, Beyrouth, etc. Dans les contrées soumises à la domination russe, ce sont Tiflis, Lori, Koutaïs, etc. Au couvent patriarcal d’Edchmiadzin, il existe un séminaire célèbre parmi les Arméniens, et où l’aspirant aux fonctions ecclésiastiques est conduit du premier degré des études cléricales jusqu’à celui qui le rend digne du titre de vartabed ou docteur en théologie.

Constantinople, en comprenant avec Stamboul ou la ville turke les faubourgs et la banlieue, sur les deux rives du Bosphore, renferme 38 écoles ou collèges arméniens. Ce nombre serait aujourd’hui de 39, si un incendie n’avait détruit à Scutari l’école de Sainte-Croix, dont le personnel est passé depuis au collège de Sainte-Jérusalem, dans le même faubourg. Le chiffre des élèves qui les fréquentent peut être porté de 6,500 à 7,000 environ. Ce total, mis en regard