S’éteint sous les flots rembrunis…
O Vénus ! et l’eau qui sommeille
Berce, hélas ! ta conque vermeille
Sur des abîmes infinis.
ADAH.
Les mers, si nous voguons ensemble,
N’ont pas de courroux dont je tremble ;
Je m’y berce en paix sur ta foi.
Viens ! dans ces mondes que j’ignore,
Sous un ciel plus torride encore,
mon amour, emporte-moi !
CHŒUR DES SIRÈNES.
La douce voix de la Sirène
Est plus douce à qui vient plus près.
Le vent dort, la mer est sereine ;
Suis l’instinct charmant qui t’entraîne
À jouir de nos dons secrets.
Cherche avec le Triton folâtre
À dénouer nos cheveux d’or,
À plonger sous l’onde bleuâtre
Qui s’enlace à nos flancs d’albâtre :
Des beautés s’y voilent encor.
C’est nous au pays de ces rêves.
Qui portons le cœur ingénu ;
Au poète errant sur nos grèves
Nous faisons respirer, sans trêves,
L’air enivrant de l’inconnu.
Quiconque à nos flots s’abandonne
Verra des palais enchantés.
Où tout désir a sa couronne,
Où, par nous, jour et nuit résonne
Le plein accord des voluptés.
Si d’un regret ton cœur soupire,
Nous guérissons du souvenir.
Là, dans l’air l’oubli se respire.
Et quiconque a vu notre empire
A refusé d’en revenir.
|