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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/358

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mauvaise. L’œuvre des ouvriers de Sydenham, au contraire, sera bénie, car elle tend à instruire, à élever, à unir les hommes entre eux, et par là elle avance le règne de Dieu sur la terre.

La partie du palais de cristal destinée à l’exposition de l’industrie contemporaine offre jusqu’à présent beaucoup moins d’intérêt que la partie artistique ; mais cela tient principalement à ce qu’un très petit nombre de boutiques et de dépôts y sont encore établis. Malgré l’opinion contraire de personnes graves et compétentes, j’ai la conviction que le succès de cette partie de l’œuvre est assuré. D’ici à deux ans, il n’y aura pas un fabricant, pas un industriel important dans le monde entier, qui n’établisse un dépôt au palais de cristal de Sydenham. Il me semble en effet impossible que les industriels anglais et étrangers méconnaissent longtemps l’immense avantage d’être constamment représentés dans ce bazar toujours ouvert, et sans cesse parcouru non-seulement par les habitans de l’Angleterre, mais par ces milliers de voyageurs qui traversent la Grande-Bretagne. Combien de marchands, de boutiquiers, dépensent chaque année des milliers de francs en annonces dans les journaux, en affiches, en prospectus, dont un bien petit nombre atteint et frappe le public ? Ne leur sera-t-il pas beaucoup plus économique et profitable d’avoir un dépôt et un magasin de vente à Sydenham, et, tout en exposant et débitant leurs produits, de se servir ainsi d’affiches et de prospectus à eux-mêmes ? Un raisonnement aussi simple ne peut manquer de frapper l’esprit dans un pays qui a poussé si loin le système de la publicité industrielle. Quant aux fabricans étrangers, ils seraient bien peu intelligens, s’ils ne saisissaient cette merveilleuse occasion de faire connaître leurs produits, non-seulement au peuple le plus riche et le plus grand consommateur de l’univers, mais en même temps aux voyageurs qui de toutes les parties du monde affluent en Angleterre.

Voilà donc de nouveaux liens établis pour l’industrie et par l’industrie entre tous les peuples qui enverront leurs produits à ce bazar universel. Réunis dans ce grand centre commun, les marchands, les producteurs du monde entier se verront, se connaîtront, échangeront leurs idées, apprendront même à perfectionner leur fabrication en examinant celle de leurs rivaux. Quels progrès résulteront pour l’industrie de cette concentration ! et par suite, quels avantages en découleront pour le consommateur et dans le bon marché et dans le perfectionnement de la marchandise ! Quant au public, il sentira vite combien il lui sera commode et économique de s’approvisionner dans ce bazar, où se trouveront réunies dans un espace restreint les marchandises de toute espèce qu’autrement il lui faudrait aller chercher dans bien des villes et dans bien des pays.

J’ai entendu quelques personnes habiles et expertes en ces