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À Halle, sur la place du marché, se dresse un grand géant. Il porte une épée, mais il ne sait se mouvoir, la peur l’a pétrifié.

À Halle, sur la place du marché, s’élève une grande église. La Burschenschaft et la Landmannschaft y ont de la place pour faire leurs dévotions.

LXXVII.

Le crépuscule des soirs d’été s’étend sur la forêt et les vertes prairies. La lune d’or, du haut du ciel bleu, inonde de sa clarté une atmosphère embaumée de parfums.

Le grillon chante au bord de la source ; quelque chose frémit au sein de l’eau ; le voyageur entend un murmure et comme une respiration dans le silence de la nuit.

Là-bas, seule, dans les eaux de la fontaine se baigne la belle ondine ; ses bras, ses épaules blanches et gracieuses, étincellent aux rayons de la lune.

LXXVIII.

La nuit s’étend sur ces chemins inconnus ; mon cœur est malade, mes membres sont las. Ah ! du moins, comme une bénédiction silencieuse, ô douce lune, tu répands sur moi ta lumière.

Douce lune, avec tes rayons tu chasses l’horreur de la nuit. Je sens toutes mes douleurs qui se dissipent et mes joues qui se couvrent de rosée.

LXIX.

La mort, c’est la froide nuit ; la vie, c’est le jour accablant. L’ombre descend, j’ai sommeil ; le jour m’a épuisé de fatigue.

Sur mon lit s’élève un arbre, le jeune rossignol y chante ; il ne chante que l’amour, et je l’entends jusque dans mes rêves.

LXXX.

Dis, où est cette belle bien-aimée que tu chantais si bien naguère, lorsque les flammes magiques embrasaient ton cœur ?

— Ces flammes sont éteintes ; mon cœur est froid et triste, et ce petit livre est l’urne où reposent les cendres de mon amour.


HENRI HEINE.