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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/418

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 juillet 1854.

La question d’Orient touche au point extrême et décisif où elle ne peut plus tarder à prendre ses vraies proportions, et où il faut que la lumière se fasse sur toutes les politiques. Entre la guerre relativement restreinte qui se poursuit en ce moment et la guerre plus générale où tout semble conduire l’Europe, que reste-t-il désormais ? Il reste ce nuage qui planait il y a quinze jours sur les derniers incidens des affaires actuelles, et qui n’est encore qu’à demi dissipé. Ces incidens, on le sait, étaient les opérations récentes de l’armée russe du Danube et les dernières délibérations de l’Allemagne. Le nuage n’est dissipé qu’en ce qui concerne le véritable caractère du mouvement opéré par les troupes de la Russie dans les principautés. Ce mouvement se présentait au premier abord comme une évacuation des provinces danubiennes ; il n’en était rien cependant, et on n’a pas tardé à le voir : l’armée du tsar ne faisait simplement qu’exécuter un ordre antérieurement donné de se concentrer dans la Moldavie. Sur ce point donc le doute n’existe plus : si les forces russes ont levé le siège de Silistria et si elles quittent la n c’est par suite d’un changement dans leur plan d’opérations et pour la ligne du Sereth en Moldavie, où elles paraissent devoir se masser aujourd’hui. Dans tous les cas, les Turcs, par leur intrépide et heureuse résistance de Silistria, n’ont pas laissé à l’armée russe la satisfaction d’une retraite partielle illustrée par la victoire.

Ce mouvement ainsi expliqué et ramené à ses proportions réelles, toutes les Incertitudes se concentrent sur les dernières résolutions des cabinets de Vienne et de Berlin, mis en demeure de se prononcer par la réponse que vient de faire l’empereur Nicolas aux récentes notes de l’Autriche et de la Prusse : c’est là le nuage qu’il reste à dissiper. Il n’est point douteux d’ailleurs qu’un tel état ne peut plus durer longtemps. Comment se prolongerait-il sans compromettre tous les Intérêts et ce quelque chose qui est au-dessus