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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/756

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de commerce, les lombards et les hospices d’enfans trouvés, en un mot tous les établissemens de crédit administrés sous le contrôle et avec la garantie de l’état reçoivent en dépôt des sommes qui portent intérêt au profit des déposans, et dont le remboursement est exigible à court délai. Suivant le dernier compte-rendu adressé à l’empereur par le ministre des finances, les sommes déposées ainsi à titres divers s’élevaient, le 1er janvier 1853, à 806,083,233 roubles d’argent (3,224,332,933 fr.). Le compte-rendu se borne à la Russie ; on sait que la Pologne a son établissement spécial, qui a reçu en dépôt 138 millions de francs. Le danger de cette situation provient non-seulement de la masse de capitaux incessamment exigibles, mais de ce que la plus forte partie de ces capitaux se trouve immobilisée par suite des placemens qu’en font les caisses publiques au dehors, sous la forme de prêts sur immeubles remboursables à longs termes et par annuités. Le Moniteur fait remarquer que les lombards, qui tiennent lieu en Russie depuis plus d’un siècle de monts-de-piété, de caisses d’épargne et de caisses de crédit foncier, ont ainsi prêté 463 millions de roubles (1,852 millions de fr. ). Le compte-rendu officiel ne nous paraît pas autoriser cette interprétation. En effet le ministre russe se borne à dire que « les lombards ont reçu en dépôt 415 millions de roubles, et que ces établissemens ont prêté 463 millions de roubles tant aux particuliers qu’aux administrations publiques. » Mais quand les prêts faits par les lombards ne seraient pas entièrement absorbés par la propriété foncière, cela ne diminuerait pas le chiffre ni le danger de ces placemens. La banque d’emprunt et les établissemens de charité prêtent aussi sur hypothèque : les créances de la banque d’emprunt seule s’élevaient, à l’ouverture de l’exercice 1852, à 326,456,474 roubles (environ 1,300 millions de fr. ), et le compte-rendu nous apprend que les terres seigneuriales sur lesquelles ces créances étaient hypothéquées renfermaient 634,651 paysans. Les prêts hypothécaires, les capitaux immobilisés tant par les lombards que par les banques semblent donc au total représenter une somme qui excède largement 463 millions de roubles. Le Moniteur, au lieu d’exagérer le mal, l’atténue. Le Siècle[1] nous paraît être plus près de la vérité, quand il dit : « Sur les 3,221,598,420 francs reçus par les banques russes, 84 millions seulement étaient représentés par des effets commerciaux ou par des marchandises reçues en nantissement. Les trois milliards cent seize millions restans avaient été employés en avances au trésor et en prêts hypothécaires remboursables en trente-six années. Ce sont là les termes du compte-rendu ; mais à Saint-Pétersbourg l’opinion la plus générale, celle que l’on formule tout bas,

  1. Numéro du 28 juin 1854.