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ce texte comme un spécimen de latin fort équivoque. Voilà ce qui excuse et justifie jusqu’à un certain point notre erreur, que nous expions d’ailleurs en faisant droit à la réclamation suivante :


À M. le rédacteur de la Revue des Deux Mondes.

« Monsieur, « Dans la livraison de la Revue des Deux Mondes qui a paru le 1er août, M. Louandre, auteur d’un article sur les Latinistes français dit dix-neuvième siècle, m’a fait l’honneur de s’occuper d’une thèse présentée par moi, il y a seize ans, à la Faculté des lettres de Paris pour obtenir le doctorat. La latinité de cette thèse n’a pas été du goût de M. Louandre, qui a cru devoir y relever des fautes considérables. Il signale ces fautes aux lecteurs de la Revue, non sans s’exprimer avec une sévérité au moins égale sur le fond même de la thèse et sur la manière dont je l’ai traitée.

« J’accepte sans résistance la position faite à tous les auteurs dont les travaux n’intéressent qu’un public très restreint : on sait combien il est facile, quand on traduit ces auteurs devant le grand public, d’en faire des hommes du premier ordre ou d’en rabaisser le mérite, selon qu’il convient à la passion ou au préjugé du rapporteur. Mais il faudrait pourtant, quand on accuse un latiniste moderne de commettre des solécismes, citer exactement, et c’est parce que M. Louandre se laisse prendre en flagrant délit d’infidélité à mon égard, que je me détermine à recourir à votre impartialité pour rétablir devant vos lecteurs le texte dont s’autorise contre moi une critique aussi rigoureuse.

« J’étais bien étonné, je l’avoue, en lisant sous mon nom, dans la Revue, cette phrase inintelligible : « Vestigia remotissimœ antiquitatis multas in comœdias partes apud Graecos haurire debuisse conjiciet. » Comme il s’agissait d’un écrit de 1838, j’ai eu recours au texte même, et au lieu du grimoire qu’on m’attribue, j’y ai trouvé la phrase que je vous transmets avec un exemplaire de ma thèse comme pièce justificative. Dans ce mémoire, j’établissais d’abord la relation intime du théâtre antique avec la religion, et je m’attachais ensuite à prouver qu’entre les traditions religieuses et mythologiques, le goût des Grecs avait approprié les unes à la tragédie, et les autres à la comédie. Puis, appliquant cette observation aux récits qui concernent l’Amour, je disais, page 19 : « Nunc, si de origine Amoris remotissimae antiquitatis vestigia relegas, multa, nec parvi momenti, in comoediae partes apud Graecos transire debuisse conjicies. » Ce qui veut dire en bon français : « Maintenant, si l’on cherche dans les débris de la plus haute antiquité ce qui se rapporte à l’origine de l’Amour, on reconnaîtra sans doute qu’un certain nombre de ces traditions, quelques-unes même des plus importantes, ont dû passer dans les domaine de la comédie. » Cela ressemble-t-il à ce que M. Louandre m’attribue ?

« Quant au solécisme que ce savant critique me reproche, j’ai beau chercher, je ne puis le découvrir. Il souligne « transire debuisse, » et prétend « que je saute à pieds joints sur l’accord des temps : » que veut-il dire ? est-ce qu’il adresserait le même reproche à Cicéron pour avoir écrit : « Num debuerunt