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sources différentes ne traversent pas avec la même abondance une même substance. Herschel ne s’en étonne point et ne le fait point remarquer à son lecteur. Il ne s’en étonne point, parce qu’il a démontré et qu’il répète à chaque instant que les chaleurs des diverses sources ne sont pas les mêmes, et qu’elles doivent inévitablement se comporter différemment. Il ne le fait point remarquer, mais le lecteur ne peut s’empêcher de saisir ces différentes actions, et de reconnaître cette inégalité du pouvoir de transmission d’une même substance sur les rayons calorifiques envoyés par diverses sources, puisqu’elle est inscrite dans tous les nombres d’Herschel.

Mais, dans le résumé qu’Herschel fait lui-même de ses résultats, il insiste tout spécialement sur un autre point, sur un autre fait général surabondamment démontré aussi par tous les nombres : c’est que l’on voit certains verres parfaitement transparens arrêter presque toute la chaleur, tandis que d’autres, qui sont pour ainsi dire opaques, sont très aisément traversés par la chaleur des sources qu’il emploie. En un mot, il n’existe aucune relation entre la facilité plus ou moins grande possédée par les corps d’être traversés par la chaleur ou par la lumière, entre ce que nous appelons la transparence et ce que nous pouvons nommer la transcalescence. Cette loi générale, sur laquelle appuie Herschel, et dont il tire des argumens, a une grande valeur; elle lui appartient, elle a depuis été vérifiée par des expériences plus précises, mais elle ressort et des résultats et des paroles d’Herschel[1].

Cette observation générale conduit Herschel à la conclusion suivante : s’il n’y a point égalité entre les actions d’une même substance pour arrêter les deux pouvoirs calorifique et éclairant, il ne peut y avoir d’identité entre les causes qui les produisent. Cette conséquence hâtée et regrettable peut être immédiatement combattue, et Herschel le reconnaît. Il formule lui-même l’objection à peu près en ces termes : « On peut dire que les chaleurs émises par les sources se composent à la fois de rayons éclairans et de rayons obscurs. Il peut arriver que les ingrédiens qui composent les verres employés les disposent à arrêter plus ou moins aisément l’une ou l’autre de ces deux espèces de chaleur. S’ils arrêtent les rayons obscurs en laissant passer les chaleurs lumineuses, ils seront transparens comme le verre, et pourtant éteindront une notable portion de chaleur; si au contraire ils laissent passer les rayons obscurs et arrêtent les chaleurs lumineuses, ils seront opaques à l’œil, et pourtant transmettront la chaleur. »

Pour se décider entre sa conclusion, qui n’est pas logique, et cette

  1. Philos. Trans., page 509. « Now, by casting an eye on the above table, it will be seen immediately that no kind of regularity takes place among, the proportions of rays of one sort and of another which are stopped in their passage, heat and light seem to be entirely unconnected, etc. »