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faut généralement admettre que chacun de ces foyers émet un rayonnement spécial qui ne doit pas se confondre avec celui d’un foyer différent. Ainsi se trouve établie la notion de l’hétérogénéité des chaleurs émises, et sans faire pour le moment aucune hypothèse, on peut dire qu’il doit exister dans la nature des espèces très diverses de rayons, caractérisées chacune par des propriétés personnelles, mais possédant toutes indistinctement le pouvoir de chauffer les corps. Tous sont des rayons de chaleur. Si on les réunissait tous, on aurait l’ensemble des chaleurs naturelles confondues en un même faisceau; si on les superpose partiellement en groupes ne contenant qu’une partie seulement des diverses chaleurs naturelles, on aura les divers rayonnemens émis par les diverses sources; mais combien y a-t-il d’espèces différentes ? quelle est la propriété physique qui les caractérise ? C’est ce que les expériences ainsi dirigées ne permettent pas d’établir.

Melloni considère en second lieu les mêmes expériences à un autre point de vue ; il remarque que le verre laisse passer la chaleur de la lampe et éteint celle de l’eau chaude; il agit inégalement sur les diverses espèces de rayons calorifiques, et toutes les autres substances se comportent d’une manière identique; elles décomposent pour ainsi dire les flux calorifiques qu’elles reçoivent, font un choix de certains rayons qu’elles éteignent, de certains autres qu’elles laissent passer, se montrant opaques ou mieux athermanes pour les premiers, diaphanes, c’est-à-dire diathermanes, pour les autres.

Melloni avait donc montré l’existence de diverses espèces calorifiques et l’action spéciale qu’elles éprouvent sous l’influence des corps qui les reçoivent. Cependant il ne lui suffisait point d’avoir fait ces deux importantes remarques : il fallait expliquer à la fois ce qui fait cette diversité des chaleurs et ce qui produit cette action élective des corps sur chacune d’elles. Pour arriver à cette explication, Melloni a judicieusement pensé qu’il fallait continuer le parallèle déjà commencé entre la chaleur et la lumière, chercher des analogies entre les deux agens et fixer les idées sur les diverses espèces de chaleur en les comparant aux diverses espèces de lumière. Voyons donc comment se produisent et s’expliquent les phénomènes lumineux du même ordre.

Le soleil émet un faisceau de rayons lumineux composé, et qu’on peut séparer en ses élémens simples, si on les dirige à travers un prisme. On trouve alors que les lumières élémentaires sont en nombre infini, et qu’elles affectent nos yeux d’impressions spéciales variant progressivement du rouge extrême au violet foncé, mais qui peuvent se rapporter aux sept types principaux des couleurs prismatiques. Or ce qui distingue ces élémens lumineux, c’est