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l’école napolitaine, Domenico a été le claveciniste le plus célèbre et le plus remarquable de l’Italie pendant la première moitié du XVIIIe siècle. Il est mort à Madrid en 1757, où il est resté vingt-sept ans, et où il a composé la plus grande partie de ses délicieuses sonates. Il y a de la grâce, de l’esprit, de la gaieté, du rhythme, et toujours de la mélodie dans ces charmantes compositions de Domenico Scarlatti, qui sont, avec les fugues de Sébastien Bach, son contemporain, la musique la plus difficile à bien exécuter sur le piano qu’on puisse encore aborder de nos jours. Les fugues et pièces de piano de Sébastien Bach, les sonates de Philippe-Emmanuel Bach, son fils, et les sonates de Domenico Scarlatti, forment une œuvre classique que doit étudier tout artiste qui aspire à sortir de la foule innombrable des pianistes contemporains. C’est une préparation nécessaire avant d’aborder la musique d’Haydn, de Mozart, de Clementi, de Weber et de Beethoven.

Avant de terminer ce court aperçu des faits et gestes des derniers mois de l’année 1854, qu’on nous permette d’élever notre voix contre les nombreux larcins dont nous sommes la victime depuis quelque temps. Plusieurs journaux étrangers reproduisent constamment les travaux que nous publions dans cette Revue sans daigner citer notre nom, et quelquefois sans même indiquer la source où ils les puisent. La Gazette d’Augsbourg, l’Écho musical de Berlin, deux ou trois autres journaux prétendus de musique, qui se publient dans les provinces rhénanes, nous ont fait l’honneur, tout récemment, de nous emprunter l’étude sur Rubini insérée dans la Revue, en oubliant d’indiquer le nom de l’auteur. Un recueil qui se publie à Turin a reproduit dans ses colonnes un chapitre d’un livre que nous avons publié en 1849 (Critique et littérature musicales), et donne ce travail comme un produit tout récent dont il aurait acquis la propriété exclusive. Un mauvais journal de Milan, qui s’intitule modestement l’Italia musicale, donne une suite d’articles intitulés : Il cavaliere Sarti, storia musicale, sans indiquer ni la Revue, où est pris ce travail, encore inachevé, ni le nom de l’auteur ! La direction de la Revue saura bien défendre ses intérêts contre cette piraterie clandestine; quant à nous, humble serviteur de la bonne cause, nous demandons simplement justice. Si vous êtes obligé de rendre à César ce qui lui appartient, parce que César Porte une épée pour défendre son droit, ne refusez donc pas au prêtre du Seigneur le bénéfice bien léger de ses prières.


P. SCUDO.



ESSAIS SUR AGRIPPA D’AUBIGNE, SUR HENRI ESTIENNE, etc.; par M. Léon Feugère<ref> 2 vol. in-18, chez Delalain, rue des Mathurins. < :ref>.— Entre nos trois grands siècles littéraires, il est permis d’avoir des préférences et de placer, par exemple, dans ses affections, le XVIIe siècle, ou même le XVIIIe avant ce XVIe siècle si étrange et si turbulent; mais ce dont chacun conviendra sans doute en dépit de ses prédilections philosophiques ou littéraires, c’est que de ces trois siècles, le plus tragique, le plus amusant à étudier, c’est celui de Rabelais et de Montaigne,