ou d’automne, et pour la culture des plantes qui exigent tel ou tel degré de chaleur. C’est ainsi que dans la présente année, si l’on eût pu prévoir la chaleur de l’été qui vient de finir, on eût pu cultiver le maïs dans les environs de Paris, où rarement l’été est assez chaud pour mener cette plante à parfaite maturité. Cela n’arrive guère qu’une fois sur trois ou quatre ans, de même à peu près qu’à Hambourg, dans les meilleures expositions, le raisin ne mûrit qu’une fois tous les sept ans.
C’est évidemment au moyen de la science appliquée que l’homme peut maîtriser la nature en se pliant à ses lois et en ne demandant à chaque terrain et à chaque région que ce qu’on en peut obtenir avec facilité et abondance. Quand cette vérité sera devenue populaire, les nations rivaliseront de zèle pour l’établissement de stations terrestres ou maritimes qui concourront à la connaissance du globe. Un petit nombre de quarts de siècle, ou si l’on veut de générations scientifiques, suffiront pour reconnaître les vérités les plus générales et les plus usuelles ; mais quant au détail, la complication des élémens qui entrent dans la question demandera un temps plus long, et les prévisions seront bornées à des temps antérieurs bien plus restreints.
Imaginons un observateur contemplant du haut des Pyrénées les vallées françaises ou espagnoles qui s’étendent à leur pied, ou bien encore contemplant du sommet du Puy-de-Dôme la belle et riche Limagne d’Auvergne avec ses villes, ses rivières, ses campagnes fertiles, au-dessus desquelles des brises inconstantes promènent parfois des nuages entrecoupés d’éclaircies, et qui tantôt versent des pluies mobiles, tantôt ne font que produire ce qu’on appelle un temps couvert. N’est-il pas vrai que cet observateur voyant les phénomènes d’ensemble percevra d’un coup d’œil quelles sont les localités qui vont recevoir la pluie, le temps couvert, ou les rayons directs du soleil ? Or ce que ferait l’observateur de la montagne pour une vallée placée sous ses yeux serait fait par ceux qui suivraient la marche des instrumens météorologiques, si à tout instant les dépêches de la télégraphie-électrique mettaient — sous les yeux des nationaux intéressés à savoir le temps qui se prépare — tous les documens nécessaires pour prévoir d’avance l’état de l’atmosphère d’après l’indication de la région d’où viennent les couches d’air et de l’état où elles se trouvent en marchant ainsi vers le point qui les attend. Des prédictions locales de vent et de brouillard ont déjà été opérées en Angleterre par ce procédé, qui, tout en excluant l’idée d’une possibilité de divination plusieurs années ou même plusieurs mois à l’avance, donne presque la certitude qu’au moins quelques jours avant on saura sur chaque point du globe ce qu’on peut attendre des météores de l’air, de l’eau et du feu, météores qui ont tant d’influence sur la santé comme sur la production et les opérations agricoles. La météorologie sera alors comme la pierre philosophale tant cherchée par les anciens alchimistes. Elle donnera la santé et la richesse.
BABINET, de l’Institut.