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CHARLES FOX

Memorials and Correspondence of Ch. J. Fox, edited by lord John Russel ; Londres 1853, Richard Bentley.



Les ennemis de la liberté lui reprochent, entre autres griefs, de faire trop d’honneur à la nature humaine et de supposer en elle une perfection chimérique. On ne saurait, en effet, disculper la liberté du tort de convenir d’autant plus aux hommes qu’ils sont meilleurs, et d’exiger quelques vertus particulières des peuples qui la veulent obtenir ou conserver. Il est bien vrai qu’elle les élève jusqu’à elle, ou quelle périt en tombant à leur niveau; mais ni le raisonnement ni l’histoire n’autorisent à soutenir qu’elle ait pour condition d’existence une supériorité idéale de moralité et de raison chez les nations qu’elle honore de sa présence, et que pour s’établir et prospérer, elle commence par réclamer l’extinction totale des vices et des passions de l’humanité. On ne le soutient que pour avoir le droit de la déclare ? impossible. On ne lui donne pour base l’hypothèse d’une société imaginaire qu’afin de la mettre en l’air comme la cité d’Aristophane. On lui fait une renommée de justice absolue dans l’espoir de l’atteindre par l’ostracisme qui proscrivit Aristide.

Que les peuples libres dans l’antiquité et dans les âges modernes aient eu besoin d’abaisser un peu leurs regards pour contempler les autres nations, nous le voudrions en vain contester; mais rassurons les amis de l’infirmité humaine : il est en tout temps resté à ces