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plus divers de l’horizon. De ces deux volumes de Mémoires, le premier va de 1749 à 1782; c’est à peu près la même période d’années qu’embrassent les derniers volumes publiés de l’Histoire d’Angleterre de lord Mahon. Lord Mahon est né dans ce parti tory reformé sous la main puissante de Pitt, transformé, il est vrai, sous la main non moins puissante de sir Robert Peel; lord John Russell est un whig décidé, du même sang que ce Bedford dévoué par le courroux de Burke aux furies conservatrices, et sur les questions difficiles et délicates de l’époque qu’ils retracent et jugent ensemble, lord John Russell et lord Mahon sont tout près de s’entendre, et chacun de son point de vue arrive presque à voir de même. Chacun, forcé de conclure, prononce à peu près la même sentence.

Le père de Fox, le premier lord Holland de cette famille, était un homme d’état d’un talent incontestable, mais dont le caractère peut être sévèrement jugé. Il était fils de sir Stephen Fox, qui d’une extraction très obscure, qu’Horace Walpole assimile brutalement à la condition d’un domestique du palais, s’était élevé au rang d’un courtisan, et d’un courtisan très riche. C’était sous les Stuarts, et il avait toutes les opinions et toutes les habitudes qui semblaient condamner sa race au plus fidèle jacobitisme. Cependant il y échappa, et les mêmes causes peut-être qui l’auraient dévoué aux Stuarts firent de son second fils Henri un fidèle serviteur de la royauté de Brunswick et de Hanovre. Celui-ci entra dans les affaires sous le patronage de sir Robert Walpole, le défendit habilement et vaillamment à la chambre des communes, et quand il eut perdu son chef, il conserva ce principe invariable d’identifier autant que possible la cour et le gouvernement, et dans les rares occasions où la nécessité et l’ambition l’obligèrent à se séparer du ministère, il mesura toujours son opposition au-dessous du degré où elle eût atteint et blessé la royauté. Après s’être uni au premier Pitt pour renverser le duc de Newcastle, il défendit contre lui le duc de Newcastle, qui l’avait fait secrétaire d’état; mais son talent tout de discussion n’était point suffisant pour faire vivre un cabinet engagé dans une crise européenne. Il sentit lui-même la faiblesse de la position, et il l’abandonna, laissant ainsi le champ libre à son rival, et de ce moment il disparut de la scène politique. Occupé de refaire ou de grossir sa fortune dans l’obscurité d’un emploi lucratif, il ensevelit enfin dans le repos de la chambre des lords les restes d’une-réputation brillante et les ennuis d’une vieillesse prématurée.

Charles-James Fox, son troisième fils, était né à Londres le 24 janvier 1749. Sa mère, lady Georgina-Caroline Fox, était la fille aînée du second duc de Richmond. Il descendait donc en ligne directe de Charles Ier, son arrière-grand-père étant fils naturel du