Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 8.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LITTERATURE POPULAIRE


DE


LA GRANDE-BRETAGNE





LES BALLADES DU CYCLE DE ROBIN HOOD.


I. The Robin Hood Garlands and Ballads, with the tale of the Lyttle Geste, edited by John Mathew Gutch; London, 2 vol. 1850. — II. The Great hero of the ancient minstrelsy of England, Robin Hood, by Joseph Hunter; London 1852.





Au XVIe siècle, les ballades de Robin Hood étaient dans toute leur gloire, tout le monde les chantait, au moins dans les momens de gaieté. Skelton, poète satirique du temps d’Henri VIII, en a mis un refrain dans la bouche du cardinal Wolsey. Au XVIIe, elles avaient perdu de leur faveur. Un jour, la commission du parlement chargée de porter à Charles Ier, dans Oxford, les propositions des chambres en vue de la paix, après avoir parlé devant sa majesté de la sérieuse question qu’elle avait à débattre avec elle, lui demanda la réponse qu’elle devait rapporter au parlement. Comme le roi, en remettant la réponse aux commissaires, refusait de leur en faire connaître le contenu, et que les honorables s’étaient aventurés à faire remarquer combien le procédé leur paraissait peu civil : « Que vous importe, dit Charles Ier, puisque vous n’êtes que des porteurs de messages ? S’il me prenait fantaisie de vous donner à porter la chanson de Robin Hood et de Little John, ne seriez-vous pas bien obligés de faire la commission ? »

Il faut donc penser qu’à cette époque, en 1644, les chansons de Robin Hood étaient tenues pour des fables frivoles et de nulle conséquence, et qu’un prince croyait mortifier suffisamment des députés indociles en les chargeant d’un pareil message. On ne peut contester que toutes ces chansons sur le franc-archer eurent leur temps de discrédit; la vogue de Robin Hood dans