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degré d’instruction, aux soins donnés à la première enfonce, etc. C’est vraisemblablement aussi au concours simultané de ces causes qu’il faut attribuer les différences tout aussi grandes que présente la mortalité sur les divers points d’un même pays. Ainsi les tables dressées par M. Quetelet pour les provinces de Belgique, d’après les décès de 1841 à 1845, montrent que sur 1,000 naissances il y a à soixante ans 325 survivans dans la province de Namur et 242 seulement dans la Flandre occidentale ; à quatre-vingts ans, 103 dans la première et 51 dans la seconde. La même supériorité persiste en faveur de la même division territoriale pour les âges plus avancés : à quatre-vingt-cinq ans, on trouve pour ces deux provinces les chiffres 46 et 21, et à quatre-vingt-dix ans 15 et 5.

Les départemens de la France présentent entre eux des inégalités aussi marquées. D’après Demonferrand, dans le Calvados et le Lot-et-Garonne, la vie moyenne est de 44 ans et 7 mois, et seulement de 28 ans et 2 mois dans le Finistère, de 28 ans et 1 mois dans les Pyrénées-Orientales. Ce statisticien divise les départemens en trois classes : la première, où les chances de la vie sont plus favorables que dans la France entière, comprend 28 départemens[1] ; dans la seconde, où les chances de la vie diffèrent peu des moyennes de la France entière, on compte 33 départemens[2] ; la troisième classe, où les chances de la vie sont moins favorables que dans la France entière, se compose de 25 départemens[3].

Jusqu’ici nous avons envisagé la population dans son ensemble, sans distinction de sexe. Or la durée de la vie des femmes n’est pas la même que celle des hommes, et la différence est constamment à l’avantage des premières. Buffon a bien reconnu cette inégalité ; il a vu qu’à Paris un nombre donné de femmes vit plus longtemps que le même nombre d’hommes. Cette différence parait avoir été constatée pour la première fois par Kerseboom en Hollande dès 1738. Deparcieux l’a retrouvée en France, en 1760, Wargentin en Suède quelques années plus tard, et les statisticiens qui sont venus depuis ont été unanimes à cet égard. Cette loi a été confirmée à Genève, en Angleterre, en Belgique, à Berlin, ailleurs encore. M. Benoiston de Chateauneuf montre, qu’elle s’étend à tous les âges. Sur 100 individus de chaque sexe, il compte de la naissance à dix ans 53 garçons et 58 petites filles, à vingt ans 48 hommes et 52 femmes, à cinquante ans 30 hommes et 33 femmes, à soixante ans 28 hommes et 23 femmes, à soixante-dix ans 13 hommes et

  1. Calvados, Gers, Basses-Pyrénées, hautes-Pyrénées, Cantal, Charente, Orne, Lot-et-Garonne, Lot, Maine-et-Loire, Areyron, Gironde, Lozère, Deux-Sèvres, Manche, Tarn-et-Garonne, Doubs, Mayenne, Dordogne, Creuse, Loire-Inférieure, Eure, Vienne, Haute-Marne, Indre-et-Loire, Haute-Loire, Ariège, haute-Garonne.
  2. Jura, Puy-de-Dôme, Vendée, Sarthe, Charente-Inférieure, Corse, Seine-et-Oise, Somme, Oise, Tarn, Seine-Inférieure, Corrèze, Eure-et-Loir, Cote-d’Or, Pas-de-Calais, Ardèche, Manche, Aube, Ardennes, Maine, Drôme, Allier, Vosges, Ille-et-Vilaine, 18ère, Yonne, Var, Menrthc, Meuse, Aude, Landes, Hérault, Ain.
  3. Seine, Rhône, Hautes-Alpes, Côtes-du-Nord, Morbihan, Loire, Bouches-du-Rhône, Cher, Haute-Vienne, Basses-Alpes, Saône-et-Loire, Haute-Saône, Indre, Nièvre, Gard, Loir-et-Cher, Loiret, Finistère, Nord, Seine-et-Marne, Haut-Rhin, Pyrénées-Orientales, Aisne, Bas-Rhin, Vaucluse.