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UNE ANNÉE DE GUERRE


ET


DE DIPLOMATIE





La durée du siège de Sébastopol, la vigoureuse résistance des assiégés, tous les incidens, toutes les difficultés de la rude campagne qui se poursuit en Crimée, ont répandu dans le pays un sentiment de malaise et presque d’inquiétude que l’état de guerre seul suffirait à expliquer, mais qui s’aggrave encore d’une espèce de désenchantement d’autant plus pénible, que pour la plupart, il faut bien en convenir, nous avions plus espéré. Avant de se lancer dans la guerre, les générations du jour ne savaient plus ce que c’était que ce fléau; elles ignoraient toutes les calamités qu’il traîne après lui; elles avaient tant de confiance dans leurs richesses et dans leur civilisation, dans les armes et dans les moyens d’action que le développement des sciences et de l’industrie mettait à leur disposition! puis, tout ce qui leur revenait des lieux où les Ottomans et les Russes avaient commencé les hostilités était si bien fait pour encourager toutes les espérances et toutes les illusions ! Au moment où la France et l’Angleterre ont déclaré la guerre, qui, dans la généralité du public, n’imaginait pas que les marines et les armées de ces deux vaillantes nations n’avaient qu’à se montrer pour chasser l’ennemi devant elles? Et qui aujourd’hui, bien que ni les flottes ni les troupes anglaises ou françaises n’aient éprouvé aucun échec du fait des Russes, ne croit pas