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le liant, en un mot la résistance aux fatigues, aux privations, aux changemens de climats, à toutes les épreuves inhérentes à la vie militaire. Maintenant ces qualités précieuses, d’où lui viennent-elles ? Du sol qui le produit ? du climat sous lequel il est né ? de la pureté de son sang ? du soin porté dans les alliances ? de ce qu’il n’est pas castré ? ou bien de sa rude éducation et du travail auquel il est soumis dès son jeune âge ?

Je livre ces recherches aux méditations des hommes spéciaux ; peut-être trouveront-ils que les admirables résultats que nous connaissons ne peuvent être atteints que par l’ensemble de toutes ces conditions. Pour mon compte, je suis porté à croire que le travail y a sa grande part, que le cheval des longs parcours, qui marche sans cesse soit en portant son cavalier à la guerre, soit en allant au loin chercher sa nourriture et sa boisson, ainsi que cela arrive dans le désert, qui couche toujours en plein air, soumis aux variations de la température et à toutes les intempéries des saisons, je suis très porté à croire, dis-je, que ce cheval, à sang égal, doit avoir un grand avantage sur celui que nous familiarisons trop avec les douceurs de la vie civilisée. Et si j’avais besoin d’être confirmé dans cette opinion, j’en trouverais la preuve dans ce fait, qu’en Algérie même l’Arabe du Tell, qui est agriculteur et sédentaire, possède déjà de moins bons chevaux que l’Arabe du Sahara, qui est pasteur et nomade.

Les Arabes disent : Le cheval est dans le travail. Ils disent encore : Tout cheval endurci porte bonheur.

Et maintenant, ajouteront sans aucun doute les hommes pratiques, la supériorité du cheval arabe comme cheval de guerre étant admise, quelles sont vos ressources ? quel contingent pouvez-vous apporter dans notre remonte générale ?

Je répondrai : — Naguère encore, nous ne comptions que peu d’étalons en Algérie ; aujourd’hui nous en accusons 2207, dont 314 réellement supérieurs et hors ligne. Ces étalons appartiennent à l’état, aux tribus ou aux particuliers.

L’état en compte 116, — les tribus 160, — les particuliers 1,931.

Ces 2,207 étalons doivent pourvoir à la fécondation de 62,000 jumens adultes reconnues bonnes pour la reproduction, et qui sont ainsi réparties :


Province d’Alger 14,423
Province d’Oran 14,835
Province de Constantine 14,42332,272
Total 61,530

soit 1 étalon pour 27 ou 28 jumens.