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par la Bible, est la seule qui soit d’une certitude absolue, à quelque point de vue qu’on se place. Les différences entre les trois races sont sensibles et pour ainsi dire matérielles. On voit clairement, et sans avoir besoin d’aucun instrument d’optique philosophique, les instincts qui les séparent les unes des autres et qui caractérisent chacune d’elles. La difficulté devient plus grande aussitôt qu’on essaie d’établir d’une manière précise les différences qui séparent les divers peuples qui composent chacune de ces trois grandes races. Il est facile de distinguer nettement un Asiatique d’un Européen ; mais en quoi un Arabe diffère-t-il d’un Persan ? Il en diffère cependant comme un Italien diffère d’un Français. La différence entre un Italien et un Français est-elle donc bien grande ? A proprement parler, en observant le monde caucasique, on n’aperçoit que deux caractères bien marqués : d’une part, le caractère germanique (pays Scandinaves, Allemagne, Hollande, Angleterre, Amérique du Nord), celui-là fortement tranché, tout individuel, dirions-nous presque ; d’autre part, un certain caractère plus impersonnel, plus métaphysique, moins indissolublement lié à la race, à la chair et au sang, et qui est commun à tous les autres peuples de l’Europe (Celtes, Latins, Slaves). Ces derniers peuples ne sont séparés réellement les uns des autres que par des nuances souvent imperceptibles, et ce qui le prouve, c’est la facilité inouie avec laquelle ils se comprennent. Un Français et un Italien, un Italien et un Russe, un Irlandais et un Polonais s’entendront parfaitement et feront très bon ménage ensemble. Ils ont au fond les mêmes instincts, les mêmes idées, les mêmes aversions et les mêmes sensualités. Ils s’apercevront facilement qu’ils haïssent et aiment les mêmes choses, qu’ils s’amusent des mêmes plaisirs. Pour prendre la race qui nous occupe, en quoi diffère-t-elle des autres races que nous avons nommées ? Les Celtes ont le goût de la vie patriarcale et pastorale, les Slaves l’ont également. Ils ont l’amour du sol natal et de la patrie, les Latins possèdent aussi cette vertu. Ils sont gais, spirituels, imaginatifs ; ils sont naturellement gracieux et aisés dans leurs manières ; mais l’aisance française et la courtoisie italienne sont renommées, et l’on sait que sous ce rapport les Slaves, polonais ou russes, peuvent soutenir la comparaison avec tous les peuples. Il n’y a pas jusqu’à leurs vices qui ne leur soient communs avec ceux des peuples non germaniques. Ainsi leur ivrognerie ne ressemble en rien à la lourde et brutale ivrognerie anglaise ou allemande ; c’est bien plutôt la gaie, folle, étourdissante ivrognerie de la populace française, du soldat polonais, du paysan russe. Leur vice tant reproché, le mensonge, l’amour de la hâblerie, tous les autres peuples, à l’exception des peuples germaniques, l’ont également. La différence entre les deux