SUR
L’ÉGYPTE ANCIENNE
Il est un problème qui a de tout temps préoccupé les historiens, et qu’il appartient peut-être à l’archéologie de résoudre. Les vicissitudes des nations, les transformations des empires ont-elles pour cause nécessaire des changemens dans les conditions physiques ou morales des races ? La question ainsi posée semble provoquer une réponse affirmative, et cependant l’étude des faits n’autorise nullement une pareille solution. Il y a des contrées où les conditions d’existence, de vie, de population, de mœurs et d’éducation demeurent à peu près les mêmes depuis bien des siècles, et qui n’en ont pas moins eu leur période de grandeur et de décadence. L’ethnologie, qui a fait tant de progrès dans ces dernières années, a prouvé avec une entière évidence que certaines races sont en possession du sol qu’elles habitent depuis une longue série de siècles. Toutes les émigrations qui ont amené dans ces pays des hommes d’une autre race ont disparu dans les flots de la population indigène, de même qu’un courant d’eau douce s’absorbe dans l’Océan. Le caractère de la nation primitive est demeuré comme un moule dans lequel ont été jetés les peuples venus après elle, et le sol n’a pu modifier ce type primordial, puisque sur la plupart des points du globe il est resté le même qu’au commencement de notre âge géologique. Telle est l’observation qu’on peut faire dans les pays où la civilisation chrétienne de l’Europe n’a point