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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/1191

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d’être mis à côté de ceux de Cabot, de Frobisher et d’Hudson. Avec cette histoire commence la seconde époque des expéditions arctiques.

En 1818, le capitaine Ross partait pour les mers du pôle, emmenant avec lui son neveu James G. Ross, Parry et Édouard Belcher, qui tous depuis commandèrent eux-mêmes des expéditions arctiques. C’est dans ce premier voyage qu’il arriva jusqu’au détroit de Lancastre, et crut le voir fermé à son extrémité par une vaste chaîne de montagnes, qu’il nomme les Croker mountains. Quand cette erreur singulière fut reconnue par Parry dès l’année suivante, le commandement fut retiré à Ross, et sans la générosité d’un simple particulier, ce capitaine n’aurait jamais pu retourner dans la mer arctique. Un distillateur de Londres, Félix Booth, lui donna généreusement 18,000 livres pour entreprendre un nouveau voyage. Ross partit donc en 1829 au mois de mai, entra dans le passage de Barrow et dans le canal du Prince-Régent ; ce fut là qu’il vit le vaisseau Fury, que Parry avait été forcé d’abandonner en 1825 ; les nombreuses et excellentes provisions qu’il y trouva dans un état presque parfait de conservation furent pour lui une ressource vraiment providentielle. La première année, il explora le pays qu’il nomma Boothia en souvenir de son généreux protecteur ; mais les glaces empêchèrent son départ, et il fut obligé d’hiverner dans le port Félix, à 150 milles au sud du Cap-Parry. Dès le printemps, Ross fit faire une expédition par terre, sur des traîneaux, et recueillit ainsi de nouveaux renseignemens sur la géographie de ces contrées. Il ne put pas mieux cette fois dégager son navire des glaces, et il fallut se résoudre à passer un nouvel hiver dans le vaisseau.

Il serait trop long d’entrer dans le détail de tant d’efforts et de misères : Ross passa six hivers de suite dans ces affreuses solitudes, et dès la troisième année la santé de son équipage commença à s’altérer sensiblement ; mais Ross et ses compagnons opposèrent le plus héroïque courage à leurs souffrances. Chaque année, ils essayaient, au prix de fatigues sans nombre, d’approcher des parages fréquentés par les pêcheurs de baleine ; trois fois il fallut revenir au navire pour reprendre les tristes quartiers d’hiver. Enfin en 1833, ayant quitté Fury-Beach sur des bateaux, ils parvinrent à atteindre la côte orientale du canal du Prince-Régent et à suivre les côtes du passage de Barrow. Au mois d’août, les infortunés furent aperçus par un vaisseau baleinier ; le second vint les reconnaître sur un bateau ; il leur apprit que son vaisseau était l’Isabelle, autrefois commandé par feu le capitaine Ross. Ross eut beaucoup de peine à le convaincre qu’il était lui-même l’ancien capitaine de l’Isabelle. Tout le monde en Angleterre le croyait perdu depuis deux ans ; il y fut reçu à son retour avec une joie qui alla jusqu’à l’enthousiasme ; le parlement lui