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retrouverons encore dans l’escadre de sir Edouard Belcher, explora les alentours de l’archipel Parry, où il devait plus tard faire d’importantes découvertes.

Quant à Penny, il alla reconnaître le canal de la Reine, qu’un de ses lieutenans avait entrevu au-delà de l’île Baillie-Hamilton : il s’avança en traîneau jusqu’au 77e degré de latitude, dans ce grand estuaire entrecoupé de nombreux îlots et toujours hérissé de glaces; mais l’épuisement de ses provisions le força à revenir sans avoir pu dépasser ce point et arriver à la grande mer polaire, qu’il espérait atteindre. Ce fut en souvenir de cette excursion hardie que le passage qui sépare le pays de Grinnell, extrémité la plus avancée du Devonshire du nord, de l’île Cornwallis, et qui termine le canal de la Reine, fut depuis nommé passage de Penny. Sur ses côtes opposées s’avancent les deux caps, auxquels Penny donna le nom de sir John et de lady Franklin, monumens lointains et éternels, dont la sauvage majesté s’accorde si bien avec le souvenir d’un si grand malheur et d’une si héroïque constance.

Il serait injuste de ne pas mentionner ici l’expédition américaine envoyée, avec le docteur Kane, par un simple particulier, M. Grinnell de New-York. Les deux navires furent emprisonnés par un train de glaces dans le détroit de Lancastre : le courant les entraîna ensuite dans le canal de Wellington; plus tard heureusement il changea de direction et les ramena par les détroits jusque dans la baie de Baffin : ils parcoururent, dans cette position critique, 1,060 milles en deux cent soixante-sept jours. Avant son voyage arctique, le docteur Kane avait été successivement attaché à la légation de Chine, il avait remonté le Nil, parcouru la Nubie, le royaume de Dahomey, visité l’Europe, et pris part à la guerre du Mexique. Il est depuis reparti pour une nouvelle expédition dans la zone polaire. Son plan était d’entrer dans le passage de Smith, qui s’ouvre vers le nord au fond de la baie de Baffin, et une fois arrivé à un point où les glaces l’empêcheraient d’avancer, de continuer son voyage par terre dans la partie septentrionale encore inconnue du Groenland, jusqu’à ce qu’il pût atteindre le pôle ou la vraie mer polaire. On n’a encore aujourd’hui aucune nouvelle de lui, et l’on commence même à s’émouvoir de son absence déjà bien prolongée[1].

Dès 1851, une nouvelle expédition à la recherche de Franklin avait été préparée en Angleterre, et le commandement en avait été confié à sir Edward Belcher. Il emmena avec lui trois vaisseaux à voiles, l’Assistance, la Resolute et l’Étoile du Nord, et deux steamers, le Pionnier et l’Intrépide. On se dirigea directement vers l’île Beechy,

  1. Une expédition commandée par de propre frère de M. Kane. vient de se mettre à sa recherche.