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ETUDES


SUR


LA CHALEUR STATIQUE




DULONG ET PETIT.





On voit souvent deux hommes habiles associer leurs efforts afin d’étudier ensemble une branche des sciences d’observation ; ils mettent en commun leurs espérances, leurs travaux, leurs succès, et laissent à la postérité, qui ne les sépare plus, des noms indissolublement unis. Dans les œuvres de l’imagination, de pareilles collaborations, plus rares et moins durables, naissent de circonstances spéciales avec lesquelles elles meurent : elles enfantent des œuvres sans unité, où l’on devine aisément l'influence de deux individualités qui ne cessent de se combattre et se hâtent de reprendre leur liberté. Rien au contraire n’est plus heureux, plus fécond, plus durable, que la communauté des travaux dans l’étude de la philosophie naturelle : un fonds d’estime et d’amitié réciproques, une éducation scientifique égale qui, en donnant à l’esprit des habitudes communes, n’exclut pas la diversité des aptitudes, suffisent pour former, développer et maintenir dès liaisons que le succès vient encore resserrer. Là, point de divergence de goûts, point de sacrifice d’opinions, car les vérités scientifiques se composent de faits que l’on observe, elles ne sont point des croyances que l’on discute.

Les deux hommes dont nous avons à examiner les travaux étaient dignes de se rencontrer. Dulong et Petit, dont les découvertes